Maître Amos Piard
Faut-il jeter les pierres aux enfants du néant,
ces âmes abandonnées, n’ayant pour bien que leur sang ?
Ne faut-il pas d’abord blâmer les mains qui manipulent,
ceux qui, de l’ombre, attisent les feux et les bousculent ?
Nés sans nom, sans avenir, ni héritage, ni chance,
rejetés par un monde sourd à leur souffrance,
ils n’ont jamais connu la senteur fraîche de la menthe,
mais on exige d’eux qu’ils marchent droits sur la pente.
Ont-ils un nez moins vif pour frissonner au bonheur ?
Un cœur sans rêve ou goût du vin d’honneur ?
Pourquoi les oublie-t-on dans les prières dominicales,
comme s’ils n’étaient que fautes et âmes bancales ?
Ils portent en silence un diplôme de morts,
lourde couronne d’un système sans remords.
Sont-ils nés pour nourrir la terre et les corbeaux ?
Pourrissent-ils jeunes, faute de chemins plus beaux ?
Quels remèdes propose-t-on, sinon tuer, tuer encore,
à ces vies qu’on appelle « catastrophes » à tort ?
Roumain, Firmin, que seraient-ils devenus,
sans savoir, sans livres, dans ces ghettos perdus ?
Qu’est-ce qui nous empêche, filles et fils de la nation,
de bâtir ensemble une même éducation ?
Pourquoi tant grandissent dans une frustration crue,
livrés à eux-mêmes, dans une jungle nue ?
Il est temps que cesse l’indifférence routinière,
que la gouvernance devienne mission entière.
Moins de clientélisme, plus de justice vraie,
pour soigner les plaies, unir et panser les regrets.
Mèsenè yo pap nan tenten konsa
RépondreSupprimerTexte très inspirant.
RépondreSupprimerCompliments cher confrère !
Haïti doit avoir des dirigeants éclairés capables de penser une société plus juste et plus responsable.
RépondreSupprimerMes félicitations Me Amos! Une belle plume. Que les choses changent en Haïti!
RépondreSupprimer