C’est un phénomène qui fait jaser dans les salons, sur WhatsApp et dans les groupes Facebook de la diaspora : certaines femmes haïtiennes vivant aux États-Unis rejettent catégoriquement l’idée de partager les dépenses avec leur partenaire local. « Mwen pa fè 50/50 ak okenn gason », disent-elles. Pourtant, ces mêmes femmes envoient de l’argent régulièrement à un homme resté en Haïti ou en République dominicaine, sans jamais lui parler de partage. Pourquoi ce deux poids, deux mesures ? Parce que derrière ce paradoxe se cachent des rapports de pouvoir, d’ego et de stratégie identitaire bien huilés.
D’abord, dans le contexte américain, ces femmes évoluent dans un environnement où l’émancipation féminine est valorisée. Mais cette émancipation cohabite avec une attente très claire : l’homme doit "assumer". Le 50/50 est perçu comme une preuve de faiblesse masculine. Or, dans un couple où les deux souffrent du même système — loyers élevés, stress, racisme —, le partage est logique. Mais pas pour celles qui veulent un homme qui paie tout, même quand elles gagnent autant, voire plus.
Ensuite, avec un homme au pays, la logique est inversée : c’est elle qui paie, mais c’est lui qui obéit. Elle contrôle, elle dirige. Elle envoie les fonds, il dit merci. Pas de débat, pas de discussion sur les factures. Et surtout, pas de contestation. L’homme devient dépendant, donc loyal. C’est une forme de domination douce, qui donne à la femme un sentiment de toute-puissance affective et sociale.
Par ailleurs, ce phénomène ne marcherait pas sans un élément fondamental : le taux de change. Un dollar américain converti en gourdes ou en pesos devient un outil de royauté. Avec 200 dollars par mois, elle peut faire vivre un homme et lui offrir un certain confort. Ce pouvoir d’achat devient un pouvoir sentimental. C’est d’ailleurs pour cela que ce modèle ne fonctionne pas avec un Haïtien vivant au Canada ou en Europe. Là, les monnaies se valent, les rapports s’équilibrent, le charme de la dépendance disparaît. Elle ne peut plus impressionner avec un simple Western Union.
De plus, certaines femmes ont développé une méfiance — parfois méprisante — envers les hommes haïtiens de la diaspora. Elles les trouvent trop exigeants, trop arrogants, trop « Américanisés », trop négociateurs. Elles préfèrent quelqu’un qui les admire, pas quelqu’un qui négocie. Elles n’ont aucune envie de partager leurs efforts avec un homme qui ne leur inspire ni respect, ni admiration.
En outre, il faut le dire clairement : certaines femmes aiment le pouvoir. Pas le pouvoir dans le sens noble du terme, mais le contrôle pur et simple. Payer pour un homme au pays, c’est aussi décider à sa place. Elles dictent les règles, contrôlent le rythme de la relation, valident ou annulent les sorties, les cadeaux, les rêves. Le 50/50, dans ce contexte, devient une menace à leur autorité. Elles préfèrent un homme faible, reconnaissant et "tenu", plutôt qu’un égal capable de dire non.
Enfin, il y a une dimension émotionnelle et identitaire. En aidant un homme au pays, elles ont l’impression de garder un lien vivant avec Haïti. C’est presque un acte patriotique intime : aider "yon ti gason lakay", c’est se réaffirmer comme une fille du pays, une femme forte qui n’a pas oublié d’où elle vient. Une façon affective de rester « utile » à Haïti… même si c’est en entretenant un homme adulte comme un enfant roi.
Rudensky Colls
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Ah sa raz 😴
RépondreSupprimerBon bagay bro
RépondreSupprimerMezanmi men duel
RépondreSupprimerkoulangout bon bagay
RépondreSupprimervérité sur toute la ligne. Sinon ces femmes aombraient dans la dépression
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