Fondateur du média

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Jameson LEOPOLD est Travailleur social et Gestionnaire. Il a fait des études de maîtrise en Sciences du développement à la Faculté d’Ethnologie et en Conseil et expertise en action publique à l’Université Toulouse 1 Capitole. Il est reconnu comme consultant en migrations et réintégration (déportation, retour volontaire et fuite des cerveaux), en renforcement institutionnel (création d’organisations, élaboration et gestion de projets) et en évaluation de projets. Fort de trois années d’études en linguistique, il a fondé Plume Souveraine et occupe actuellement le poste de directeur de la communication au sein du parti Konbit Pou Demokrasi.

vendredi 11 juillet 2025

Les femmes avec un BBL sentent-elles vraiment mauvais ?

Depuis quelque temps, une idée circule avec insistance sur les réseaux sociaux : les femmes ayant subi un BBL (Brazilian Butt Lift) "sentiraient mauvais". Certains témoignages isolés de chirurgiens esthétiques ont été sortis de leur contexte et amplifiés pour nourrir cette caricature. Mais que cache vraiment cette généralisation ? Est-elle fondée sur des faits médicaux solides ou bien sur une volonté de moquer, humilier et marginaliser certaines femmes ?

Il est vrai que durant la phase post-opératoire d’un BBL, certaines patientes doivent porter des gaines de compression pendant plusieurs semaines, parfois dans des conditions difficiles. La transpiration, les sécrétions naturelles, ou un manque d’accès à une bonne hygiène (notamment dans le cadre du tourisme médical) peuvent occasionner des odeurs temporaires. Mais cela n’a rien de spécifique au BBL : toute chirurgie majeure nécessitant des pansements prolongés ou des vêtements compressifs peut entraîner ce genre de désagrément temporaire si les soins ne sont pas suivis correctement.

Certains médecins l’ont d’ailleurs confirmé : ce ne sont pas les BBL eux-mêmes qui causent des odeurs désagréables, mais bien les conditions post-opératoires mal gérées. D’ailleurs, des chirurgiens esthétiques sérieux insistent sur l’importance de l’hygiène, du suivi médical rigoureux et de l’environnement de récupération. Réduire toutes les femmes ayant subi un BBL à cette image est donc non seulement mensonger, mais aussi profondément injuste. Ce discours ignore volontairement la réalité des soins post-opératoires, les disparités d’accès aux bons services de santé, et les difficultés financières ou logistiques de certaines patientes. Ce n’est pas l’opération qui "pue", c’est parfois le contexte dans lequel elle est faite qui complique la convalescence.

Mais ce mythe persistant ne tombe pas du ciel. Il repose sur un mépris bien plus large : celui qui vise les femmes racisées, pauvres ou issues de milieux populaires qui cherchent à se réapproprier leur corps à travers la chirurgie esthétique. Ces moqueries dissimulent souvent un mélange de sexisme, de classisme et de racisme. Le corps modifié devient un prétexte pour juger moralement ces femmes, les réduire à leur apparence, et nier leur autonomie. Derrière les rires faciles se cache une volonté d’humilier des femmes déjà stigmatisées par ailleurs.

Il faut aussi pointer du doigt le double standard hypocrite de notre société : on glorifie certaines formes dans la mode, dans la musique, sur Instagram, mais on insulte les femmes qui essaient de s’en rapprocher par des moyens accessibles à elles. On admire les célébrités qui affichent des courbes généreuses, mais on méprise celles qui tentent de les imiter par chirurgie. On glorifie le résultat, mais on méprise le processus — surtout quand il est entrepris par des femmes qu’on juge déjà "trop visibles" ou "trop ambitieuses".

En fin de compte, dire que "les BBL sentent mauvais", c’est refuser de voir la complexité sociale, médicale et culturelle derrière un phénomène contemporain. C’est plus qu’un mensonge : c’est une insulte collective travestie en humour. Il est temps de déconstruire ces clichés et de redonner aux femmes le droit de disposer de leur corps sans être jetées en pâture à l’opinion publique.

Irvenka Maüs

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