Fondateur du média

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Jameson LEOPOLD est Travailleur social et Gestionnaire. Il a fait des études de maîtrise en Sciences du développement à la Faculté d’Ethnologie et en Conseil et expertise en action publique à l’Université Toulouse 1 Capitole. Il est reconnu comme consultant en migrations et réintégration (déportation, retour volontaire et fuite des cerveaux), en renforcement institutionnel (création d’organisations, élaboration et gestion de projets) et en évaluation de projets. Fort de trois années d’études en linguistique, il a fondé Plume Souveraine et occupe actuellement le poste de directeur de la communication au sein du parti Konbit Pou Demokrasi.

jeudi 10 juillet 2025

L'Haïtien bardé de diplômes ne peut rien changer dans un pays gangrené par la corruption

On en a assez de cette rengaine qui accuse les Haïtiens formés à l’étranger d’être la cause des échecs du pays. C’est un discours paresseux, populiste et dangereux, qui fait diversion. Le vrai problème d’Haïti, ce ne sont pas les cerveaux partis se former à Harvard ou à Paris, mais ceux qui, ici, s’accrochent au pouvoir sans vision, sans compétence, sans courage.

Il est absurde de dire que le savoir étranger ne s’applique pas à Haïti. Ce n’est pas parce qu’un pays est en désordre qu’il doit refuser les méthodes qui fonctionnent ailleurs. Si les institutions sont faibles, il faut les renforcer. Si l’État est absent, il faut le reconstruire, pas rejeter les outils modernes au nom d’un soi-disant « réalisme local ». Ce genre de raisonnement n’est rien d’autre qu’une justification du statu quo.

Parler de « langage inaccessible », c’est une manière déguisée de dévaloriser le savoir. Depuis quand l’intelligence est-elle un défaut ? Depuis quand le fait de lire, de penser, d’analyser est-il un problème ? Ce ne sont pas les diplômés qui sont déconnectés, ce sont ceux qui refusent d’écouter, qui préfèrent les slogans creux aux propositions solides.

Ceux qui accusent les technocrates d’être déconnectés sont souvent les mêmes qui gèrent des ONG inefficaces, qui vivent sur les subventions internationales, et qui n'ont jamais administré un carrefour. Ils critiquent les experts, mais n'ont ni plan, ni stratégie, ni bilan. C’est facile de parler de « culture locale » quand on confond tradition avec immobilisme.

L’adaptation au contexte haïtien ne signifie pas faire du bricolage folklorique. Cela signifie appliquer des méthodes sérieuses à des problèmes réels. Et ceux qui ont été formés dans des environnements exigeants sont souvent les mieux placés pour le faire – à condition qu’on leur laisse une vraie marge de manœuvre.

Au fond, ce procès contre l’élite éduquée à l’étranger cache une jalousie mal dissimulée et une peur du changement. Au lieu de tirer vers le haut, on tire vers le bas. Résultat : médiocrité généralisée. Haïti n’a pas trop de diplômés : elle en manque cruellement au pouvoir. Et c’est bien là tout le drame.

Ismaël Poborsky


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