L’Haïtien n’a jamais eu peur de se réinventer. Lorsqu’il quitte son pays, il est souvent médecin, ingénieur ou agronome. Mais une fois arrivé aux États-Unis, au Canada ou en France, il comprend rapidement que ces titres ne suffisent pas. Alors, il s’adapte sans discuter : il devient chauffeur, livreur, agent d’entretien. Il accepte de repartir de zéro, sans honte.
Il apprend les règles du nouveau monde, change de métier, parfois même de mode de vie. Il fait des sacrifices douloureux pour s’intégrer dans une société qui ne l’attendait pas. Pourtant, il y parvient avec courage et détermination. Les pays d’accueil n’avaient pas besoin de médecins haïtiens, mais nous y sommes allés, et nous avons su trouver notre place autrement.
En revanche, lorsqu’il s’agit de retourner en Haïti, cette capacité à s’adapter semble disparaître. On entend souvent : « Ayiti pa bezwen nou », comme si revenir signifiait forcément retrouver le même poste, le même statut qu’avant. Pourtant, la clé est simple : refaire ici ce que nous avons déjà fait ailleurs — se reconvertir, s’ajuster à la réalité locale.
Pourquoi est-il plus facile d’accepter un emploi de porteur de boîtes chez Amazon ou de caissier dans un supermarché aux États-Unis, que de devenir commerçant, technicien ou éducateur en Haïti ? Le problème n’est pas une question de compétence, mais de perception de soi.
En vérité, Ayiti pa bezwen « truck driver », tout comme l’Amérique n’avait pas besoin « d’enjenyè ayisyen ». Ce que nous avons fait là-bas, c’est une reconversion professionnelle. Si nous rentrons, nous pouvons faire le même exercice ici. Ce n’est pas abandonner l’espoir, mais changer de stratégie. Un pays ne se construit pas uniquement avec des titres, mais avec des actions concrètes.
C’est peut-être là le plus grand défi de notre génération : briser l’orgueil mal placé et comprendre que la dignité ne réside pas dans le prestige d’un poste, mais dans l’impact réel que nous avons sur notre communauté. Et pour cela, il n’est jamais trop tard pour se reconvertir… chez soi.
Ricardo Lopez
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anba ayiti se vòlè, kidnapè pou ye pou ou viv ladann
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