Dans certains milieux bourgeois, une réalité troublante demeure : nombre d’hommes blancs fortunés entretiennent des liaisons discrètes avec des femmes noires, tout en affichant des unions officielles avec des femmes blanches. Ce double jeu, souvent ignoré du grand public, met en lumière des rapports de pouvoir nourris par des héritages coloniaux encore vivaces et des normes sociales qui dictent qui l’on peut aimer ouvertement.
Cette logique s’ancre dans une histoire longue de domination et de fantasmes. Le corps de la femme noire a été, dès l’époque esclavagiste, sexualisé, réduit à l’exotisme, perçu comme disponible mais jamais digne de respect ni de légitimité. Malgré les évolutions sociales, ce regard persiste : elle reste celle que l’on désire en cachette, jamais celle qu’on affiche.
Ces relations sont loin d’être anodines. Elles s’inscrivent dans une configuration inégale, où l’homme impose la règle du silence. La femme noire, souvent en position de fragilité économique ou sociale, se retrouve confinée à un rôle périphérique, exclue de toute reconnaissance publique. Elle existe dans l’intimité, jamais dans l’espace social.
Ce paradoxe révèle une hypocrisie profonde. Beaucoup de ces hommes, bien qu’engagés dans des discours progressistes, perpétuent en privé des logiques anciennes de domination raciale. Le fait même de cacher la relation trahit une hiérarchie invisible : la femme noire est tolérée, mais toujours marginalisée.
Bien sûr, certaines peuvent tirer parti de ces relations — sécurité, affection, statut informel. Mais ces compensations ne comblent pas le déficit de reconnaissance. Tant que leur place restera cantonnée à l’ombre, elles continueront à incarner une figure invisible, jamais célébrée, jamais pleinement respectée.
Au fond, ces liaisons ne sont pas seulement personnelles : elles sont politiques. Elles témoignent d’un racisme intime, enraciné dans les relations affectives. Pour en sortir, il faut rompre avec les silences complices, interroger les désirs, et surtout oser rendre visible ce qui, trop souvent, se vit honteusement dans l’ombre.
Par Roberta Alexandre
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