L’asile politique est conçu comme un instrument de protection pour les individus qui subissent des persécutions dans leur pays d’origine. Selon la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés, il s’agit d’un droit destiné à protéger ceux qui craignent, « avec raison », d’être persécutés en raison de leurs opinions politiques, de leur appartenance sociale ou de leur engagement (HCR, 2011). C’est donc à la fois une protection internationale et une responsabilité pour les États qui l’accordent.
Dans le cas d’Haïti, la question de l’asile prend une tournure paradoxale. On retrouve en effet, dans les mêmes territoires d’exil — États-Unis, Canada, voire certains pays européens — à la fois les Petrochallengers, qui se présentaient comme les voix de la contestation populaire, et les dilapidateurs des fonds PetroCaribe, accusés dans plusieurs rapports de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA, 2019) d’avoir alimenté la corruption et contribué à l’effondrement des finances publiques. Or, comment justifier que victimes et bourreaux bénéficient du même refuge ?
Cette cohabitation absurde met en lumière une contradiction majeure : l’asile politique ne peut avoir de sens si ceux qui dénoncent et ceux qui sont dénoncés se retrouvent protégés par les mêmes lois migratoires. Comme le souligne Goodwin-Gill & McAdam (2007), l’asile implique une distinction claire entre la victime de persécution et l’agent de persécution. Accueillir l’un suppose logiquement de rejeter l’autre, sinon l’asile se transforme en vaste paravent pour toutes sortes d’intérêts.
En réalité, cette situation illustre le glissement de l’asile vers une fonction migratoire déguisée. Les uns l’utilisent comme bouclier politique, les autres comme porte de sortie confortable, mais tous finissent par profiter du même système. Plusieurs chercheurs, dont Zetter (2007), rappellent que l’asile et la migration économique se confondent de plus en plus dans les pratiques administratives, brouillant les lignes entre protection et opportunisme.
Les pays d’accueil, en acceptant ce mélange, affaiblissent la crédibilité de leur propre politique migratoire. Ils envoient le signal que l’asile n’est pas une question de justice ou de vérité, mais plutôt de procédures et de formalités où chacun trouve sa place, peu importe son rôle dans la crise qu’il prétend fuir. Comme le note Hathaway (2005), le droit d’asile devient fragile lorsque les critères de sélection ne permettent plus de distinguer persécutés et persécuteurs.
Ainsi, il ne peut y avoir d’asile politique valable pour Petrochallengers et dilapidateurs sur le même territoire. Car là où les dénonciateurs et les accusés partagent les mêmes privilèges, l’asile cesse d’être une protection des droits humains et devient une ironie tragique : une mise en scène où la fuite remplace la lutte, et où la vérité reste, une fois de plus, en exil.
Bibliographie
1- Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA). (2019). Rapport d’audit sur les fonds PetroCaribe. Port-au-Prince, Haïti.
2- Goodwin-Gill, G. S., & McAdam, J. (2007). The Refugee in International Law. Oxford University Press.
3- Hathaway, J. C. (2005). The Rights of Refugees under International Law. Cambridge University Press.
4- Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). (2011). La Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et son Protocole de 1967. Genève.
5- Zetter, R. (2007). "More Labels, Fewer Refugees: Remaking the Refugee Label in an Era of Globalization." Journal of Refugee Studies, 20(2), 172-192.
Jameson LEOPOLD
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Ou sou menw wi kòmandan
RépondreSupprimerWoy ! 😳 #GuerrierHenry konfime #RudySanon gen kòb petrocaribe a nan menl. Tande reyaksyon l apre yo manke bat Pierre Espérance lan 😳
RépondreSupprimer#Haïti #PortDePaix #JusticePourPortDePaix #PetroCaribe #Corruption
RépondreSupprimerLe cri de Port-de-Paix : 5 millions de dollars envolés, des vies en péril
La ville de Port-de-Paix, en Haïti, est au bord du désespoir. Alors que la saison des ouragans bat son plein, les habitants renouvellent leurs appels à la justice, dix ans après qu'un projet de rénovation de 5 millions de dollars, censé moderniser leur cité et la protéger des inondations, a tourné au fiasco. Un article percutant de The Haitian Times révèle comment le détournement de ces fonds a laissé la ville plus vulnérable que jamais, les citoyens se sentant trahis par un État qui les a abandonnés.
Le projet, approuvé en 2014 sous l'administration Martelly/Lamothe et financé par le fonds PetroCaribe, visait à transformer la ville côtière. Il devait notamment rénover le marché public de Bord-de-Mer, vieux de 47 ans, et restaurer le canal de La Tenderie, essentiel pour la prévention des inondations. Pourtant, selon un rapport de 2021 de l'Unité de lutte contre la corruption d'Haïti (ULCC), une douzaine de fonctionnaires et entrepreneurs privés auraient détourné les fonds via des attributions de contrats illégaux et des sociétés écrans. "Ce plan spécial aurait pu changer notre façon de vivre... si une série d'escrocs n'avaient pas comploté pour régler leurs affaires personnelles avec cet argent", dénonce Rodolph Pierre, un habitant.
Aujourd'hui, les conséquences de cette corruption sont dramatiques. Le marché public est toujours un labyrinthe d'abris de fortune, forçant les vendeurs à travailler dans des conditions insalubres. "Les autorités judiciaires doivent utiliser le rapport de l'ULCC pour poursuivre les individus qui ont volé cet argent", a déclaré Maryse Julien, une vendeuse de 65 ans. De son côté, le canal de La Tenderie, laissé à l'abandon, a contribué aux pluies dévastatrices de fin 2024, qui ont causé la mort de plusieurs personnes et dévasté des dizaines de milliers de foyers. Pendant ce temps, des quartiers entiers manquent de routes goudronnées et de systèmes de drainage, laissant les habitants face à une réalité de plus en plus précaire.
Face à l'inaction de l'État central, des initiatives citoyennes comme l'organisation de la diaspora Sove Nòdwès tentent de combler les lacunes, mais elles se heurtent à la lourdeur administrative et au manque de soutien. Les habitants de Port-de-Paix, sous la menace croissante des tempêtes et des inondations, exigent que les responsables soient tenus pour responsables de leurs actes. La ville ne peut se permettre une autre année d'inaction et d'impunité, alors que son destin semble être sacrifié sur l'autel de la corruption.
📸 : Keverson Martial / The Haitian Times
©️ Kervenson Martial de The Haitian Times &
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