Dans bien des sociétés, notamment celles frappées par la pauvreté, la prière est un refuge. Face à l’incertitude, à la misère et à l’injustice, beaucoup se tournent vers Dieu pour y puiser réconfort. Cette démarche est profondément humaine. Mais elle n’est pas sans conséquences politiques.
Quand une population prie au lieu de protester, elle renonce, parfois sans s’en rendre compte, à interpeller les responsables de ses souffrances. Elle dépose son fardeau entre les mains du Ciel, alors qu’il faudrait aussi frapper à la porte des ministères, des mairies, ou du Parlement.
Les puissants, eux, ne prient pas pour leurs privilèges : ils les défendent, les imposent, les renouvellent. Pendant ce temps, le peuple prie pour survivre. Une main sur le cœur, l’autre tendue vers le ciel, il oublie parfois que ses droits ne tombent pas du ciel.
Certains chefs religieux ont d’ailleurs compris le rôle de la spiritualité dans la gestion du silence. En appelant à la patience, à la soumission, au pardon sans conditions, ils contribuent malgré eux – ou volontairement – à freiner les luttes sociales.
La prière n’est pas mauvaise en soi. Elle peut fortifier. Mais elle devient problématique lorsqu’elle remplace l’action, la mobilisation, et le courage d’affronter les injustices humaines.
Il ne suffit pas de prier pour que les routes soient refaites, que l’eau coule aux robinets ou que les enfants aillent à l’école. Dieu n’est pas ministre des Travaux publics. Il appartient aux citoyens de rappeler aux hommes ce qu’ils attendent du ciel.
Emmanuel Calixte
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