🔴 Critiquer politiciens et médias corrompus, c’est aussi s’attaquer aux gangs : du « manyen youn, manyen tout »

Rudy Sanon multiplie les interventions contre les élites politiques et médiatiques haïtiennes. Il dénonce un système de corruption bien rodé, où des politiciens s’enrichissent impunément pendant que des journalistes, grassement rémunérés avec des fonds publics, détournent l’attention de la population. Selon lui, ces journalistes deviennent des instruments de propagande, contribuant à maintenir la population dans la confusion et la peur, tandis que les vrais responsables prospèrent dans l’impunité.

Et pourtant, un paradoxe frappe de plein fouet : ce ne sont ni les politiciens mis en cause, ni les journalistes visés qui réagissent avec le plus de violence. Ce sont les gangs. Alors que Rudy Sanon n’évoque que rarement ces groupes armés dans ses discours, ce sont eux qui montent au créneau, le menacent et, parfois même, appellent à sa mise à l’écart. Un retournement étonnant. Comment expliquer qu’un homme qui critique les acteurs politiques soit ciblé par des groupes qu’il ne mentionne presque jamais ? Ce décalage suscite l’interrogation. Il laisse penser que les liens entre certains gangs et les sphères politiques ou médiatiques sont bien plus profonds qu’on ne l’imagine.

Sanon n’a jamais directement visé les chefs de gangs. Aucun discours enflammé, aucune vidéo virale où il les nomme. Ses attaques ciblent plutôt les institutions, les dirigeants de l’État et les journalistes qu’il accuse de couvrir le chaos tout en jouant les victimes.

Alors, pourquoi les gangs s’en prennent-ils à lui ? Pourquoi une telle virulence contre un homme qui les mentionne si rarement ? L’incohérence saute aux yeux. Et elle soulève une hypothèse dérangeante : ces groupes armés seraient peut-être moins « indépendants » qu’on ne le prétend.

Des rumeurs persistantes laissent entendre que certains gangs protègeraient leurs parrains politiques. D’autres évoquent un avertissement lancé à quiconque oserait briser l’omerta. Une chose est claire : critiquer les politiciens ou les médias, c’est aussi s’attirer la fureur des hommes armés.

Rudy Sanon, lui, reste ferme. Il affirme ne pas comprendre cette haine soudaine, émanant de groupes avec lesquels il n’a jamais eu de contentieux. Pour lui, cette réaction confirme ce qu’il dénonce depuis le début : la collusion étroite entre politique, médias et violence.

Alors, trouvez l’erreur. Quand un homme qui critique les politiciens est attaqué par des gangs qu’il n’a jamais cités, c’est peut-être que le vrai pouvoir ne se trouve pas là où on le croit.

Alex Pierre Antoine 

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