La question des familles monoparentales est un sujet central dans les débats sociaux américains. Elle révèle de profondes disparités entre communautés raciales et met en lumière les héritages historiques, économiques et culturels qui façonnent la société américaine contemporaine.
Aux États-Unis, la monoparentalité concerne toutes les catégories sociales, mais elle frappe de manière disproportionnée les Afro-Américains. En 2023, près de 47 % des mères noires élèvent seules leurs enfants, contre seulement 14 % des mères blanches et 8 % des mères asiatiques. Les mères hispaniques se situent à un niveau intermédiaire, autour de 25 % (Center for American Progress, 2023).
Ces chiffres révèlent une réalité brutale : presque une femme noire sur deux qui est mère se retrouve en situation de monoparentalité. À l’opposé, la famille nucléaire reste la norme majoritaire chez les Asiatiques et, dans une moindre mesure, chez les Blancs non hispaniques.
Pour comprendre ces écarts, il faut revenir à l’histoire. L’esclavage a profondément détruit les structures familiales noires, les séparations forcées étant fréquentes. Plus tard, la ségrégation et la discrimination systémique ont limité les opportunités économiques pour les hommes noirs, ce qui a fragilisé la stabilité des couples et des familles (Scholars, 1995).
La dimension économique joue également un rôle déterminant. Les hommes noirs connaissent des taux de chômage plus élevés et des salaires plus bas que la moyenne. En conséquence, de nombreuses femmes noires deviennent le soutien principal, voire exclusif, de leur famille. Une étude a montré qu’en 2016, 70,7 % des mères noires étaient les seules ou principales pourvoyeuses de revenus de leur foyer (Time, 2016).
Cette surreprésentation s’explique aussi par le système carcéral. La criminalisation et l’incarcération massive des hommes noirs ont conduit à une absence forcée de millions de pères, laissant aux femmes la charge entière des enfants. En comparaison, les Asiatiques et les Blancs connaissent des taux d’incarcération bien plus faibles.
Les politiques sociales ont, à certaines périodes, renforcé ce phénomène. Les programmes d’aide sociale mis en place à partir des années 1960 ont parfois découragé le mariage ou la cohabitation, car une femme risquait de perdre ses allocations si un homme vivait officiellement avec elle (American Progress, 2023). Ce facteur, souvent méconnu, a pesé davantage sur les communautés les plus pauvres, donc sur les familles noires.
Du point de vue statistique, les disparités persistent également dans la pauvreté. En 2023, environ 1,06 million de familles noires monoparentales dirigées par une mère vivaient sous le seuil de pauvreté (Statista, 2023a). Certes, ce chiffre a diminué depuis les années 1990, où près de la moitié de ces familles étaient pauvres, mais il reste très élevé par rapport aux familles blanches ou asiatiques (Statista, 2023b).
Les enfants sont les premiers touchés par ces déséquilibres. En 2019, 45 % des enfants noirs vivaient dans des foyers monoparentaux dirigés par leur mère, contre seulement 14 % des enfants blancs (Journal of Blacks in Higher Education, 2022). En 2025, la proportion est estimée à 68 % des enfants afro-américains vivant dans une famille monoparentale (Zipdo, 2025).
Du côté asiatique, la situation est radicalement différente. Les familles asiatiques affichent le taux de monoparentalité le plus bas, à 8 %, ce qui reflète à la fois une tradition familiale très ancrée, une valorisation sociale du mariage et une meilleure stabilité économique (Center for American Progress, 2023). Les Asiatiques ont en moyenne des revenus plus élevés et des taux de chômage plus faibles que les Noirs ou les Hispaniques.
Chez les Blancs, la monoparentalité est bien moins fréquente qu’au sein de la communauté noire. Elle reste cependant significative : environ 14 % des mères blanches élèvent seules leurs enfants. En valeur absolue, cela représente des millions de familles, puisque la population blanche est la plus nombreuse. Mais proportionnellement, la fragilité familiale est beaucoup moins marquée que chez les Afro-Américains (Statista, 2023c).
Les Hispaniques, eux, se situent dans une position intermédiaire. Environ un quart des mères hispaniques sont seules avec leurs enfants. Ce chiffre traduit à la fois des difficultés économiques et migratoires, mais aussi une certaine résistance culturelle à la désintégration familiale complète, grâce à des solidarités communautaires plus fortes (American Progress, 2023).
En termes d’emploi, les inégalités sont encore visibles. Durant l’été 2025, près de 300 000 femmes noires ont quitté ou perdu leur emploi, avec un taux de chômage de 6 %, soit presque le double de celui des femmes blanches (Houston Chronicle, 2025). Cette précarité du marché du travail contribue directement à la vulnérabilité économique des familles monoparentales noires.
L’ensemble de ces données dessine un contraste saisissant : la monoparentalité est un phénomène marginal chez les Asiatiques, modéré chez les Blancs, notable chez les Hispaniques, et massif chez les Noirs. Ces différences traduisent moins des « choix culturels » que des effets structurels liés à l’histoire, à la pauvreté, aux politiques publiques et à la discrimination systémique.
En conclusion, la situation des mères noires monoparentales illustre à quel point la question familiale est indissociable des inégalités raciales aux États-Unis. Si les chiffres montrent une amélioration relative sur le plan de la pauvreté depuis les années 1990, les disparités demeurent criantes. Réduire ces écarts suppose non seulement des politiques économiques et sociales plus justes, mais aussi une réflexion profonde sur l’héritage historique qui continue de marquer la communauté afro-américaine.
Bibliographie
1- Center for American Progress. (2023). The Economic Status of Single Mothers. Lien.
2- Statista. (2023a). Number of poor Black families with a female householder in the U.S. Lien.
3- Statista. (2023b). Percentage of poor Black families with a female householder in the U.S. Lien.
4- Statista. (2023c). Number of white families with a female householder in the U.S. Lien.
5- Journal of Blacks in Higher Education. (2022). Census Report Details Racial Differences in Family Makeup. Lien.
6- Time Magazine. (2016). Female Breadwinners on the Rise. Lien.
7- Houston Chronicle. (2025). 300,000 Black Women Left the Workforce. Lien.
8- Zipdo. (2025). African American Marriage Statistics. Lien.
9- Scholars (1995). Virginia Pilot Archives on Black Family Structures.
Stevenson Derenancourt
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Quand il n'y a pas de papa, il n'y a pas de transmission de la loi moral
RépondreSupprimerTrump really hates Black Women.
RépondreSupprimerDonald Trump doesn’t want to talk about his memes in meatspace.
The president scolded a reporter for bringing up his recent post to Truth Social, threatening an invasion of Chicago in a riff of 1979’s “Apocalypse Now.” The post inserted Trump in the role played by Robert Duvall and was captioned with “I love the smell of deportations in the morning.” NBC’s Yamiche Alcindor pressed Trump about the post on Sunday, asking if he intends to “go to war with Chicago.”
“That’s fake news,” Trump said in front of the White House, as he was preparing to head to the U.S. Open in New York City.
https://www.salon.com/2025/09/07/be-quiet-trump-chastises-reporter-for-asking-about-chicago-plans/
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