Fondateur du média

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Jameson LEOPOLD est Travailleur social et Gestionnaire. Il a fait des études de maîtrise en Sciences du développement à la Faculté d’Ethnologie et en Conseil et expertise en action publique à l’Université Toulouse 1 Capitole. Il est reconnu comme consultant en migrations et réintégration (déportation, retour volontaire et fuite des cerveaux), en renforcement institutionnel (création d’organisations, élaboration et gestion de projets) et en évaluation de projets. Fort de trois années d’études en linguistique, il a fondé Plume Souveraine et occupe actuellement le poste de directeur de la communication au sein du parti Konbit Pou Demokrasi.

lundi 29 septembre 2025

L’Haïtien rejette le vodou et le créole en Haïti, mais les embrasse à l’étranger

En Haïti, le créole et le vodou ont longtemps souffert d’un profond mépris social. Bien qu’ils soient au cœur de l’identité nationale, ces piliers culturels ont été associés à la marginalité, à la pauvreté et à la superstition. Le français et le catholicisme, hérités de la colonisation, ont été érigés en symboles de prestige, réservés aux classes dominantes. Résultat : beaucoup d’Haïtiens ont grandi en considérant leur propre langue et leur propre spiritualité comme des marqueurs d’infériorité.

Dans la vie quotidienne, ce rejet se traduisait par des attitudes concrètes. Les écoles sanctionnaient les élèves qui parlaient créole en classe, les familles bourgeoises interdisaient à leurs enfants de l’utiliser, et ceux qui pratiquaient le vodou le faisaient souvent dans la discrétion pour éviter la stigmatisation. Ainsi, un système entier a contribué à reproduire l’idée que la "vraie modernité" passait par l’effacement des traditions locales.

Pourtant, ce rejet connaît une transformation radicale une fois que l’Haïtien quitte son pays. Dans les communautés de la diaspora, notamment aux États-Unis, au Canada, en France ou au Chili, le créole devient un outil central de cohésion. Il est parlé avec fierté dans les associations, les églises, les médias communautaires, et même valorisé dans la transmission aux enfants nés à l’étranger. Loin d’être une langue honteuse, il se mue en symbole d’identité et de résistance culturelle.

Le vodou, lui aussi, connaît une réhabilitation à l’étranger. Souvent perçu comme "sorcellerie" en Haïti, il est redécouvert dans les pays d’accueil comme une spiritualité africaine authentique et une richesse culturelle. Dans certaines capitales, des festivals et expositions mettent en avant ses rituels, ses danses et son art. Ce regard extérieur, plus ouvert, incite de nombreux Haïtiens de la diaspora à assumer publiquement leur lien avec cette tradition.

Cette transformation s’explique en grande partie par le besoin identitaire. En situation de minorité, les migrants cherchent des repères solides pour se distinguer et affirmer leur appartenance. Le créole et le vodou deviennent alors des outils de valorisation personnelle et collective. Ce qui était rejeté comme "arriéré" au pays devient, à l’étranger, un trésor à préserver.

Il y a aussi le facteur du regard de l’autre. Quand un étranger valorise la musique haïtienne, trouve le créole mélodieux ou s’intéresse au vodou comme philosophie de vie, l’Haïtien prend conscience que ses propres traditions ne sont pas des fardeaux mais des richesses universelles. Cette reconnaissance extérieure joue un rôle clé dans le processus de réappropriation.

Le paradoxe met en lumière une contradiction historique : Haïti est née d’une révolution anticoloniale, mais ses élites ont longtemps continué à imposer une vision eurocentrée. Aujourd’hui encore, ce clivage entre mépris interne et valorisation externe illustre les blessures laissées par l’histoire coloniale et la lutte des classes dans la société haïtienne.

En fin de compte, le créole et le vodou sont victimes et témoins d’une tension entre rejet et fierté. Leur dévalorisation en Haïti et leur promotion à l’étranger ne sont pas des phénomènes contradictoires, mais les deux faces d’une même quête : celle d’une identité haïtienne en perpétuelle négociation entre héritage africain, influences coloniales et affirmation dans le monde moderne.

Woodley ST-Jean 

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