Pendant plusieurs années, j’ai eu honte de ma couleur de peau. Influencé par les standards de beauté véhiculés dans mon entourage, à la télévision ou dans les publicités, j’ai commencé à utiliser des crèmes éclaircissantes. J’étais convaincu que pour être accepté, aimé, respecté, je devais paraître plus clair. Blanchir ma peau, c’était pour moi une façon de fuir le rejet que je croyais lié à ma noirceur.
Je me regardais dans le miroir sans vraiment m’aimer. Chaque nuance plus foncée sur mon corps devenait un défaut à corriger. Les produits que j’utilisais abîmaient ma peau, mais je continuais. Je pensais qu’en devenant plus clair, je serais plus beau, plus digne, plus désirable. C’était une forme de violence douce, quotidienne, que je m’infligeais en silence.
Puis, au fil de mes voyages en Europe, une autre réalité m’a frappé. J’ai rencontré des femmes blanches, issues de cultures différentes, qui ne voyaient pas la beauté comme on me l’avait apprise. Plusieurs d’entre elles me disaient qu’elles étaient attirées par les hommes très noirs, qu’elles admiraient la profondeur de cette couleur, sa noblesse, son intensité. Au début, j’étais surpris, presque incrédule.
Mais plus les rencontres s’enchaînaient, plus ce message revenait. Et peu à peu, quelque chose a commencé à changer en moi. Je me suis interrogé : pourquoi ai-je voulu effacer ce que d’autres admirent ? Pourquoi cette honte de ce que je suis naturellement ? C’est à ce moment que j’ai compris que j’avais été victime d’un conditionnement, d’une aliénation invisible mais puissante.
J’ai alors arrêté les crèmes. Ce ne fut pas facile au début. Il fallait réapprendre à me voir autrement, à me réconcilier avec mon image, à redonner de la valeur à ce que j’avais appris à détester. Mais plus j’acceptais ma peau noire, plus je me sentais libre, fort, authentique. Ma peau reprenait vie, et moi aussi.
Aujourd’hui, je suis noir, et fier de l’être. Ma couleur n’est plus une faiblesse à corriger, mais une richesse à revendiquer. Ce que je voulais cacher autrefois est devenu une part essentielle de mon identité. Être noir, très noir, n’est plus pour moi un fardeau, mais une puissance tranquille, une beauté profonde que je n’échangerais pour rien au monde.
Sébastien Roumer
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