Pour s’attaquer efficacement à l’insécurité en Haïti, il faut d’abord en identifier les causes profondes et structurelles. L’une d’elles demeure l’abandon à la misère et à l’humiliation d’une large partie de la population — habitants des ghettos, paysans, Noirs — marginalisés en raison de leur phénotype et de leur condition socioéconomique. Cette exclusion historique s’est institutionnalisée au fil du temps, créant une société profondément inégalitaire où la pauvreté est devenue un héritage.
À ces causes structurelles s’ajoutent des causes conjoncturelles : la dilapidation des fonds PetroCaribe, l’armement de jeunes par certains politiciens pour conquérir ou conserver le pouvoir, les complicités de secteurs économiques finançant des groupes armés pour protéger leurs entreprises situées à proximité des quartiers populaires, ou encore la distribution d’armes par des agents de l’État pour étouffer les contestations sociales. À cela s’ajoutent des influences extérieures, notamment celles d’acteurs internationaux accusés d’avoir favorisé, par calcul politique ou négligence, des alliances de gangs, comme ce fut le cas sous la supervision d’Helen La Lime.
La pauvreté, matrice de la violence
Dans un pays où une grande partie de la population n’a pas accès aux besoins fondamentaux — se nourrir, boire de l’eau potable, se loger décemment, se soigner, s’instruire —, la paix est impossible. C’est la réalité quotidienne des habitants des bidonvilles : fragilisés, abandonnés, livrés à eux-mêmes.
Dans un tel environnement, les propositions les plus indécentes apparaissent comme des solutions de survie. La misère matérielle finit par se transformer en misère morale : une jeunesse désabusée, un peuple qui ne croit plus à la justice, ni à l’État, ni à la possibilité d’une vie meilleure. C’est dans cette perte d’espérance que la violence s’enracine.
L’exclusion du monde rural : une fracture nationale
Les paysans, véritables gardiens de la terre et de la vie, subissent une autre forme d’exclusion. Marginalisés parce qu’ils viennent des provinces, ils vivent sans routes, sans eau potable, sans électricité, sans écoles, sans infrastructures.
Même pour obtenir un acte de naissance, une carte d’identité ou un passeport, ils doivent se rendre dans les grandes villes, où les attendent humiliation et mépris. Quand la dignité du paysan s’effondre, c’est l’âme du pays qui vacille.
Trop souvent, le fils du paysan devient un bandit : sa violence n’est pas innée, elle est la conséquence d’une longue chaîne de privations. Un enfant sans école, sans repères, sans affection, devient un adulte vulnérable à la dérive.
Le racisme social et la fracture morale
La couleur de peau reste, encore aujourd’hui, un déterminant du statut social. Si un Haïtien doit être mulâtre pour être respecté, accéder à certains lieux ou obtenir des privilèges, il n’est pas étonnant que le pays demeure déchiré.
Les classes sociales devraient se fonder sur le mérite et la contribution économique, non sur la couleur de peau. Pourtant, un Noir instruit et aisé reste limité dans ses possibilités, tandis qu’un mulâtre pauvre bénéficie encore d’avantages symboliques.
Cette hiérarchie raciale, héritée du colonialisme, nourrit une rancune silencieuse et une frustration collective qui fragilisent la cohésion nationale.
Les complicités politiques et économiques
Les dilapidateurs des fonds PetroCaribe, souvent impliqués dans la criminalisation de la vie publique, ont instrumentalisé les gangs pour se protéger de la justice. Des sanctions internationales ont été prises, mais leur effet demeure limité faute de suivi institutionnel.
L’État haïtien doit impérativement restaurer la redevabilité, assainir la vie publique et rompre les liens toxiques entre politique, économie et criminalité. Les groupes armés affirment régulièrement recevoir armes et financements de politiciens, de commerçants et de membres de la bourgeoisie.
Face à cette réalité, la moralisation des élites est une urgence nationale. Il faut refonder la classe dirigeante sur des valeurs de patriotisme, d’intégrité et de justice. La renaissance d’Haïti passera d’abord par une révolution morale, avant d’être institutionnelle.
Une stratégie nationale intégrée
Haïti peut encore être sauvé, mais cela exige une action coordonnée et simultanée. Pendant que la communauté internationale aide à neutraliser les gangs, l’État et les ONG doivent lancer de vastes programmes d’éducation, de réhabilitation et de réinsertion.
Ces politiques publiques doivent inclure :
– la reconstruction des quartiers détruits ;
– le dédommagement des familles victimes ;
– des programmes d’alphabétisation et de formation professionnelle ;
– une politique nationale d’éducation civique pour restaurer la conscience collective ;
– un plan d’emploi pour les jeunes afin d’assécher le vivier de recrutement des gangs.
Mais aucune réforme ne sera durable sans un effort économique massif : relance agricole, création d’emplois locaux, et redistribution équitable des ressources publiques. La sécurité ne peut être dissociée du développement.
Conclusion : la dignité comme socle de la reconstruction
Redonner à l’homme haïtien sa dignité, c’est restaurer sa foi en la société. Redonner espoir, c’est redonner vie. Haïti ne s’en sortira que si chaque citoyen se sent reconnu, protégé et respecté. La justice sociale, la responsabilité politique et la moralisation des élites sont les conditions premières d’une véritable renaissance nationale.
Jameson LEOPOLD
This page is sponsored by Dalia Store Online, Pati Konbit Pou Demokrasi, Caëlle Edmond – SOS Solitude, MK Company, and Vicky Massage.
📌 Caëlle Edmond – SOS Solitude
💠 Profil personnel :
facebook.com/caelle.edmond.7
💠 Page publique :
facebook.com/SosSolitude
💠 Page officielle :
facebook.com/caellesossolitude2008
✨ Une voix engagée pour briser le silence autour de la solitude, de la souffrance mentale et de l’abandon. À travers la page SOS Solitude, Caëlle Edmond tend la main à ceux que la société oublie.
