Fondateur du média

Fondateur du média
Jameson LEOPOLD est Travailleur social et Gestionnaire. Il a fait des études de maîtrise en Sciences du développement à la Faculté d’Ethnologie et en Conseil et expertise en action publique à l’Université Toulouse 1 Capitole. Il est reconnu comme consultant en migrations et réintégration (déportation, retour volontaire et fuite des cerveaux), en renforcement institutionnel (création d’organisations, élaboration et gestion de projets) et en évaluation de projets. Fort de trois années d’études en linguistique, il a fondé Plume Souveraine et occupe actuellement le poste de directeur de la communication au sein du parti Konbit Pou Demokrasi.

lundi 30 juin 2025

Pelé a inventé, Messi a perfectionné

 

Pelé et Messi sont deux légendes du football, mais leurs parcours sont très différents. Pelé, star planétaire des années 1950 à 1970, a marqué l’histoire en remportant trois Coupes du Monde avec le Brésil, dont la première à seulement 17 ans. À l’opposé, Lionel Messi, figure du football moderne, a conquis sa première Coupe du Monde à 35 ans, après une carrière longue et riche.

Leur palmarès est impressionnant, mais il reflète des réalités bien distinctes. Pelé a brillé dans un football plus direct, moins structuré, où il a empilé les titres avec Santos et la sélection brésilienne. Messi, quant à lui, a dominé le football européen avec Barcelone, remportant de nombreux championnats, plusieurs Ligues des Champions, une Copa America et enfin la Coupe du Monde avec l’Argentine.

Ils ont aussi évolué dans des contextes très différents. À l’époque de Pelé, les terrains étaient plus difficiles, les protections limitées, et la médecine sportive encore balbutiante. Messi, lui, joue dans un football plus tactique, exigeant physiquement et mentalement, mais bénéficie d’un encadrement médical et technologique de pointe.

Sur le plan des chiffres, Messi prend l’avantage. Il a inscrit plus de buts officiels, délivré davantage de passes décisives et détient huit Ballons d’Or, un record absolu. À l’inverse, Pelé n’a jamais reçu ce trophée, puisqu’il n’était alors réservé qu’aux joueurs évoluant en Europe.

Leur style de jeu reflète aussi leur époque. Pelé était un attaquant explosif, instinctif, capable de marquer dans toutes les positions. Messi, de son côté, allie finesse technique, vision du jeu et sens du collectif. C’est à la fois un buteur et un créateur, un véritable meneur sur le terrain.

En dehors du jeu, leur influence reste immense. Pelé a contribué à faire du football un phénomène mondial. Messi, lui, incarne la constance, la discipline et l’humilité. Tous deux ont inspiré et continuent d’inspirer des générations entières à travers le monde.

Alors, qui est le plus grand ? D’un côté, Pelé reste l’icône fondatrice, celui qui a brillé très jeune sur la plus grande scène. De l’autre, Messi incarne l’excellence moderne, un joueur complet et constant sur plus de vingt ans. Finalement, le football n’a pas à choisir : il a eu la chance de connaître les deux.

Dave wiener

Méfiez-vous de l'analyste politique haïtien

Depuis quelques années, nous assistons au déclin du journalisme professionnel en Haïti. Celui qui, autrefois, jouait le rôle de chien de garde de la société — observant, questionnant, dénonçant et éclairant l’opinion publique — s’est peu à peu mué en chien de compagnie de politiciens véreux, mû par le seul désir d’intégrer les cercles du pouvoir.

De plus en plus complice, ce journalisme ressuscite d’anciens ministres et directeurs généraux, non par souci de l’intérêt public, mais par fidélité à ceux qui, jadis, lui offraient à manger. Ces figures sont traitées comme des bienfaiteurs, presque comme des mécènes. Et dès qu’un poste de porte-parole est obtenu, le journaliste disparaît des ondes pour jouir tranquillement des privilèges de l’État.

Ce glissement s’explique en partie par l’accès désordonné à la profession. Aujourd’hui, n’importe qui peut se proclamer journaliste, sans la moindre formation, pourvu qu’il trouve un micro et quelques heures d’antenne. Ces nouveaux venus, dénués d’éthique et de rigueur, s’installent dans l’espace médiatique grâce à l’opportunisme.

À ce déficit de professionnalisme s’ajoute une précarité économique criante. La majorité des journalistes vivent avec des salaires de misère, insuffisants même pour subvenir à leurs besoins essentiels. Cette condition les rend extrêmement vulnérables, exposés à toutes sortes de compromissions.

Pour survivre, beaucoup se tournent vers le pouvoir, non par conviction, mais par nécessité. C’est pour eux une échappatoire, un moyen d’éviter de sombrer. Mais en se pliant ainsi aux intérêts politiques, le journalisme perd son indépendance, sa colonne vertébrale, son rôle critique.

Au final, c’est la population qui en paie le prix. Le journaliste devenu dépendant trahit sa mission : il ment, dissimule, manipule l’opinion pour défendre les intérêts d’un politicien corrompu ou d’un parti qui, de temps à autre, lui lance quelques billets — comme on jette un os à un chien errant. Le journalisme, au lieu d’être une force au service de la démocratie, devient un simple instrument de manipulation.

Maître Cadet Jean-Bertrand 

Être Haïtien

Être Haïtien, c’est appartenir à une histoire unique : celle du premier peuple à avoir conquis sa liberté par la lutte contre l’esclavage. Cette victoire a forgé une identité forte, marquée par le courage et la détermination.

C’est aussi faire partie d’une culture vibrante, riche en langues, traditions et spiritualités. Le créole, langue du peuple, unit tous les Haïtiens. La cuisine, la musique, la danse et la religion, notamment le vodou, donnent à ce pays une âme singulière.

Être Haïtien, c’est apprendre à partager et à s’entraider. Dans la joie comme dans l’épreuve, la solidarité est une force essentielle. La tradition du « konbit » incarne cette entraide quotidienne, qui unit les communautés malgré les difficultés.

Vivre en Haïti, c’est aussi affronter de nombreux défis : crises politiques, catastrophes naturelles, pauvreté. Mais c’est surtout faire preuve d’une résilience admirable. Les Haïtiens se relèvent toujours avec une force intérieure qui inspire le respect.

Même loin du pays, être Haïtien reste un lien indéfectible. La diaspora maintient vivante la mémoire, la langue et les valeurs, transmettant cette identité de génération en génération. L’attachement à Haïti dépasse les frontières.

Enfin, être Haïtien, c’est porter en soi une espérance. Malgré les obstacles, ce peuple croit en un avenir meilleur et en un changement durable. Cette confiance en demain fait vivre l’âme d’Haïti et de ses enfants.

Junior Innocent

dimanche 29 juin 2025

L’Haïtien passé par le Brésil ou le Chili ne remplit pas les conditions de l’asile politique aux États-Unis

 

Depuis plusieurs années, de nombreux Haïtiens fuient leur pays en quête de sécurité et de meilleures conditions de vie. Certains choisissent de s’établir en Amérique du Sud, notamment au Brésil ou au Chili, où ils parviennent à obtenir des papiers temporaires et à travailler légalement. Cependant, face aux difficultés économiques et à l'instabilité sociale dans ces pays, beaucoup poursuivent leur route vers le nord, espérant pouvoir déposer une demande d’asile aux États-Unis.

Cette migration en plusieurs étapes soulève un enjeu juridique majeur. En droit international, l’asile est accordé à des personnes qui sont menacées de persécution dans leur pays d’origine. Mais lorsqu’un migrant a déjà séjourné dans un pays tiers où il ne subissait pas de persécutions, comme le Brésil ou le Chili, les États-Unis peuvent estimer qu’il n’a plus besoin d’une protection immédiate. Ce principe s’appelle la règle du "pays tiers sûr".

Dans ce contexte, de nombreux Haïtiens qui arrivent à la frontière américaine voient leur demande d’asile rejetée. Les autorités migratoires considèrent qu’ils auraient pu demander l’asile ou s’installer durablement dans l’un des pays traversés. Même si ces pays présentent des défis, comme le racisme ou la précarité, ces éléments ne suffisent pas légalement à justifier une demande d’asile aux États-Unis.

Il est donc crucial de faire la distinction entre un réfugié politique et un migrant économique. Un réfugié politique est menacé pour ses idées, son identité ou son engagement. Un migrant économique, lui, fuit la misère ou l'absence d'opportunités, ce qui est tout à fait légitime humainement, mais insuffisant pour l’obtention d’un statut d’asile politique. La confusion entre ces deux catégories complique la situation des migrants haïtiens.

La réalité demeure cependant complexe. Les Haïtiens vivant dans des pays comme le Chili ou le Brésil rencontrent souvent des obstacles systémiques, un manque de perspectives durables et des formes de marginalisation. Ces conditions, bien que difficiles, ne sont pas reconnues comme des persécutions systématiques par les conventions internationales. Ainsi, les États-Unis appliquent une politique restrictive, fondée sur une lecture stricte des critères juridiques.

Face à cette situation, une réponse plus humaine et coordonnée serait souhaitable. Il revient à la communauté internationale, y compris les pays de transit comme le Mexique ou le Brésil, de mettre en place des mécanismes de protection plus justes. Et pour Haïti, il est urgent d’initier une refondation nationale afin que ses citoyens n’aient plus à chercher refuge si loin, au prix d’un exil long, incertain et souvent douloureux.

Timofeï Egorovitch Pravdine

samedi 28 juin 2025

Une femme belle, éduquée et riche n’investit pas son argent pour l'amour d'un homme

 

Dans de nombreuses sociétés contemporaines, une nouvelle génération de femmes a émergé : belles, éduquées, financièrement indépendantes et souvent issues de familles aisées. En effet, elles ont été formées pour réussir et se battre à armes égales dans un monde autrefois dominé par les hommes. Dès lors, elles ont appris à défendre leurs droits, à accumuler du capital, à se valoriser — non à porter un homme sur leurs épaules. Autrement dit, elles refusent de rejouer le vieux rôle de la femme dévouée qui se sacrifie pour un compagnon incertain.

Par conséquent, elles ne dépensent pas leur argent pour "construire" un homme. Ce n’est pas de la méchanceté, mais plutôt un choix stratégique et émotionnel. Elles préfèrent ainsi investir dans leur bien-être, l’éducation de leurs enfants, leur entreprise ou leurs voyages. Car, pourquoi dépenser leur énergie pour un homme instable, alors qu’elles peuvent attirer des partenaires déjà accomplis ? À leurs yeux, l’amour n’est pas une œuvre sociale, mais une alliance entre deux forces — non une mission de sauvetage.

De plus, elles ont souvent vu, dans leur entourage ou dans les médias, des femmes qui ont tout donné à un homme — argent, temps, soutien moral — pour qu’à la première occasion, celui-ci parte avec une autre ou oublie ce qu’on a fait pour lui. Ce type d’expérience, directe ou indirecte, laisse des cicatrices. En conséquence, cela forge une méfiance lucide. Dès lors, elles avancent avec prudence et choisissent des hommes qui ont déjà fait leurs preuves, pas ceux qui promettent seulement de le faire.

En réalité, ces femmes veulent admirer leur partenaire. Et pour cela, il faut qu’il ait une vision, une stabilité, une fierté. Pas question donc qu’il dépende d’elles ou vive sous leur toit en attendant de "se trouver". En effet, elles ne veulent pas d’un partenaire passif, mais d’un homme maître de lui, respectueux et ambitieux. Après tout, elles ont trop travaillé pour devenir des piliers de leur propre vie — elles ne souhaitent plus l’être pour celle d’un autre.

Cela dit, il y a des exceptions. Certaines investissent dans un homme pauvre lorsqu’elles constatent qu’il n’a pas l’habitude de vivre aux dépens des femmes, qu’il est digne, et que la vie lui a simplement joué un mauvais tour. Avec un petit coup de pouce, il peut se relever. Cependant, même dans ces cas, cela se fait discrètement, avec une forte exigence de loyauté, d’engagement et de vision commune. Et surtout, cela ne dure que si l’homme prouve rapidement qu’il peut transformer cette aide en force réelle. Autrement dit, l’amour ne suffit pas ; il faut aussi le mérite.

En définitive, les femmes d’aujourd’hui ne sont pas égoïstes. Bien au contraire, elles sont lucides. Elles veulent de l’amour — mais pas au prix de leur équilibre. Elles ne cherchent pas un homme à sauver, mais un homme à aimer. Et cet amour, elles l’offriront volontiers… à celui qui saura marcher à leurs côtés, et non s’asseoir sur leur dos.

Samanta Piérovna Piérovskaya

vendredi 27 juin 2025

Il faut dire aux Américains que Haïti ne peut pas accueillir des centaines de milliers de retours forcés

 

Ce 27 juin 2025, le DHS, sous la direction de Kristi Noem et dans la droite ligne de l’administration Trump, a annoncé la fin du Statut de Protection Temporaire (TPS) pour les ressortissants haïtiens. Cette décision, qui prendra effet le 3 août 2025, laissera plus de 500 000 Haïtiens en situation irrégulière dès le 2 septembre, sauf recours ou changement législatif majeur.

La justification officielle avancée par le DHS repose sur l’argument que les conditions d’urgence qui avaient motivé le TPS — notamment le séisme de 2010 et les crises humanitaires successives — ne seraient plus d’actualité. L’administration affirme vouloir rétablir la nature "temporaire" du programme TPS, en mettant fin aux prolongations jugées abusives. Pourtant, cette décision intervient dans un moment où la réalité haïtienne est tout sauf stabilisée.

Sur le terrain, Haïti fait face à une crise sans précédent : les groupes armés contrôlent la capitale et plusieurs régions, les institutions républicaines sont à l'arrêt, l’accès à la santé, à l’alimentation, et à l’éducation est devenu extrêmement difficile. Le pays fonctionne sans gouvernement légitime, sans parlement, et sans système judiciaire opérationnel. Les conditions de sécurité sont inexistantes, même pour les citoyens ordinaires, sans parler de rapatriés sans appui familial.

Dans ce contexte chaotique, l’idée de forcer le retour de centaines de milliers d’Haïtiens relève non seulement de l’irréalisme, mais aussi d’une certaine forme d’inhumanité. Il ne s’agit pas ici d’un débat migratoire abstrait, mais de vies humaines bien réelles : des familles, des travailleurs intégrés, des enfants nés américains, qui seront séparés ou renvoyés dans un pays qu’ils ne connaissent parfois même pas.

Cette décision révèle une volonté politique claire de l’administration Trump de durcir l’immigration dans toutes ses dimensions, au mépris des conséquences sociales et diplomatiques. Elle touche particulièrement les populations noires et caribéennes, avec une rigueur que beaucoup jugent discriminatoire et idéologique. Les Vénézuéliens, les Ukrainiens ou les Afghans ont vu leur TPS prolongé ; pas les Haïtiens. Pourquoi ?

Haïti ne dispose actuellement d’aucune capacité d’accueil, de réinsertion ni d’accompagnement pour recevoir un tel afflux. Même le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le PAM et l’OIM ont récemment signalé que les conditions de vie y sont incompatibles avec un retour massif. La société civile est essoufflée, les ONG dépassées, et l’État quasi inexistant. Renvoyer les Haïtiens aujourd’hui, c’est injecter de la déstabilisation supplémentaire dans un pays déjà en chute libre.

Il est donc crucial que la communauté internationale, les leaders haïtiens de la diaspora, les défenseurs des droits humains et les institutions religieuses s’unissent pour exiger un moratoire, une régularisation ou une loi de résidence permanente pour ces Haïtiens. Une telle décision ne doit pas être acceptée en silence. Haïti ne peut pas encaisser un choc migratoire aussi brutal sans sombrer davantage. Et les États-Unis ont une responsabilité morale envers ces vies qu’ils ont protégées, parfois pendant plus d’une décennie.

Steevenson Louis


L’Haïtien baisse la tête devant Donald Trump, mais fait le fier devant Luis Abinader

Les dirigeants haïtiens sont devenus maîtres dans l’art du patriotisme sélectif. Dès qu’un incident éclate avec la République dominicaine, ils montent au créneau, crient au scandale, invoquent la souveraineté et la dignité nationale. Mais face au Canada ou aux États-Unis, c’est le silence complet : ils baissent la tête, gardent la langue dans la poche, comme des employés redoutant de perdre leur poste.

Il suffit que Washington éternue pour que nos « leaders » attrapent la grippe. Ils ne gouvernent pas, ils exécutent. Jamais on ne les voit dénoncer les ingérences américaines, ni les manœuvres douteuses du Core Group. Ils se taisent devant les pressions étrangères visant à imposer des accords politiques fabriqués en coulisses. Mais dès qu’un Dominicain parle un peu fort, ils se découvrent subitement une fibre nationaliste.

Quand la République dominicaine interdit l’entrée aux Haïtiens, ce ministre brandit le drapeau, clame que tout Haïtien digne de ce nom ne devrait rien avoir à faire là-bas, et que Haïti peut s’en sortir seule. Mais lorsque c’est Donald Trump qui ferme la porte, il devient doux comme un agneau, la queue entre les jambes, et écrit des lettres plaintives pour supplier qu’on fasse grâce aux Haïtiens.

Ce double discours n’est rien d’autre que de la lâcheté politique. On joue les durs face à un voisin impopulaire, mais on devient servile devant les puissances qui tiennent les ficelles. Ces dirigeants ne défendent pas le pays : ils protègent leur poste, leur visa et leurs privilèges. Leur nationalisme n’est qu’un masque, une mise en scène destinée à tromper l’opinion.

Le plus choquant, c’est que ce théâtre fonctionne encore. Certains applaudissent dès qu’un ministre hausse le ton contre la République dominicaine, sans réaliser que ce même ministre reste muet lorsque l’administration américaine humilie ou expulse violemment des Haïtiens à la frontière.

Nous assistons à un cirque où la souveraineté est un slogan, utilisé uniquement contre les faibles. Aucun dirigeant haïtien n’a eu le courage de convoquer l’ambassadeur américain pour dire : « Stop ». Aucun n’a osé refuser une aide étrangère attentatoire à notre dignité. En revanche, nombreux sont ceux qui crient contre Santo Domingo, simplement pour détourner l’attention.

Tant que Haïti sera dirigée par des marionnettes incapables de tenir tête aux vraies puissances qui la contrôlent, le mot « souveraineté » restera une illusion. Le jour où un dirigeant osera faire face à Washington avec la même audace qu’il affiche contre la République dominicaine, alors seulement, on pourra commencer à parler de leadership véritable.

Maria Perez 

jeudi 26 juin 2025

La faim crée beaucoup de révolutionnaires en Haïti

Autrefois, ils prenaient la parole partout, enflammés par les lectures de Fanon, de Chomsky ou de Lumumba. Ils dénonçaient avec passion l’impérialisme américain, le néocolonialisme canadien et toutes formes d’ingérences étrangères. Pour eux, les États-Unis incarnaient le grand Satan, et le Canada, un complice sournois de la domination mondiale.

Mais en vérité, beaucoup d’entre eux avaient surtout faim. Faim de reconnaissance, faim de voyage, faim tout court. Leur discours tonitruant masquait un mal-être plus banal : la précarité. Le radicalisme servait d’issue de secours. Sitôt qu’ils obtiennent une bourse, un visa, un billet d’avion, leur rhétorique s’adoucit. Une fois rassasiés, une fois au chaud dans un studio montréalais ou un dortoir universitaire à Washington, la colère révolutionnaire se dissout dans la mousse d’un cappuccino.

Aujourd’hui, on les retrouve bien connectés au Wi-Fi, partageant entre amis les souvenirs de luttes passées. Des amis qui, hier encore, vomissaient l’Occident mais qui, désormais, en vantent la démocratie, les droits humains, les services publics. Ils citent Rawls avec enthousiasme et découvrent soudain les vertus du libéralisme qu’ils vomissaient autrefois.

Ironie du sort ? Pas vraiment. Plutôt le triomphe du confort sur la conviction, du passeport biométrique sur les pamphlets révolutionnaires. Certains diront qu’ils ont « évolué ». Qu’il faut bien s’adapter quand on paie un loyer à 2 000 dollars et qu’on travaille chez Amazon. Peut-être. Mais il est frappant de constater à quelle vitesse les discours enflammés deviennent tièdes à peine le pied posé à JFK.

Ce revirement n’est pas qu’une contradiction personnelle. Il traduit un désespoir collectif. Quand un pays n’offre ni sécurité ni avenir, même les plus fervents opposants à l’Occident finissent par choisir l’exil. On ne fuit pas par trahison, mais par lassitude. Leur haine de l’Occident n’était souvent qu’une forme de jalousie maquillée en conscience politique.

La mémoire, pourtant, reste tenace. Parfois, au détour d’une conversation, refait surface un ancien discours, une vieille indignation. On esquisse un sourire gêné, on lance une pirouette intellectuelle...puis on retourne à ses obligations.


Maître Marc Asnel Céus


Je préfère les femmes blanches aux femmes noires

 

Beaucoup d’hommes noirs sont fiers d’être en couple avec une femme blanche parce que, dans nos sociétés, la blancheur est encore trop souvent associée à la réussite, au prestige et à un idéal de beauté. Être avec une femme blanche peut alors apparaître comme une forme de validation sociale, une "victoire" symbolique sur un passé marqué par le racisme et la dévalorisation.

Cette fierté n’est pas seulement personnelle, elle reflète aussi un héritage historique où la femme blanche était idéalisée et inaccessible, tandis que la femme noire était stigmatisée, considérée comme forte mais invisible. Être en couple avec une femme blanche, c’est pour certains hommes noirs un moyen inconscient de se hisser socialement.

Dans certains cas, ce choix est aussi guidé par une volonté de sortir de la misère, de s’extirper d’un quotidien difficile. La femme blanche est perçue comme un accès plus rapide à une vie stable, à des opportunités économiques, à une reconnaissance sociale que l’on pense inaccessibles autrement. Certains hommes noirs, marqués par la précarité et la marginalisation, voient dans le couple interracial une forme d’ascenseur social — non pas uniquement affectif, mais matériel. Cette vision, souvent intériorisée, alimente une quête de confort qui instrumentalise parfois la relation.

Mais derrière cette image valorisée, on observe souvent une différence de comportement au quotidien. Avec une femme blanche, beaucoup d’hommes noirs deviennent attentifs, font la cuisine, la lessive, la vaisselle — ils s’impliquent pour montrer qu’ils sont de "bons compagnons". Avec une femme noire, ils exigent parfois tout, attendent qu’elle porte la maison, qu’elle supporte sans rien dire.

Cette attitude s’explique par des stéréotypes profondément enracinés : la femme noire est perçue comme naturellement forte, capable de tout endurer, ce qui pousse certains hommes à moins la respecter ou à la traiter avec plus de dureté. À l’inverse, la femme blanche est vue comme fragile, précieuse, et donc à choyer.

Sur les réseaux sociaux, ce double standard devient encore plus visible. Beaucoup d’hommes noirs postent fièrement des photos avec leurs compagnes blanches, attirant likes et compliments, mais hésitent, voire refusent, de montrer leurs femmes noires. Cette invisibilisation révèle une honte intériorisée, un racisme internalisé qui nuit à l’estime des femmes noires.

La peur du regard extérieur, souvent dominé par des normes blanches, pousse certains à chercher une validation en s’affichant avec une femme blanche. Ils croient ainsi se légitimer socialement, quitte à négliger ou minimiser leur propre histoire et identité, et à dévaloriser leurs compagnes noires.

Ce comportement participe malheureusement à la reproduction de hiérarchies raciales dans l’amour et les relations de couple, où la femme noire est toujours mise à l’écart, moins valorisée, moins aimée publiquement. Cela crée une fracture douloureuse dans la communauté et renforce les inégalités.

Pour changer cela, il faut déconstruire ces représentations et reconnaître la valeur de la femme noire, non seulement dans l’intimité mais aussi dans la visibilité sociale. Aimer une femme noire, c’est aussi un acte de fierté et de dignité. Il est temps que cette fierté devienne visible, assumée et célébrée, partout, y compris sur les réseaux.

Ashley Antoine

mardi 24 juin 2025

La Troisième Guerre mondiale précipitera la venue de Jésus-Christ sur Terre

 

L’éventualité d’une troisième guerre mondiale soulève une inquiétude majeure : celle d’un conflit nucléaire généralisé. En effet, dans un monde où plusieurs puissances possèdent des arsenaux atomiques capables d’anéantir la planète plusieurs fois, une guerre de ce type ne serait pas simplement une confrontation militaire, mais plutôt un cataclysme global. Autrement dit, ce ne serait pas une guerre pour la domination, mais bien une guerre synonyme d’extinction.

De surcroît, les armes nucléaires modernes sont d’une puissance destructrice inimaginable. Les bombes thermonucléaires actuelles surpassent de loin celles larguées sur Hiroshima et Nagasaki. Ainsi, un échange nucléaire entre grandes puissances comme les États-Unis, la Russie ou la Chine entraînerait la destruction instantanée de centaines de villes et la mort de centaines de millions de personnes dans les premières heures du conflit. Cependant, au-delà de l’impact direct, les conséquences environnementales seraient planétaires.

En effet, les scientifiques redoutent un phénomène connu sous le nom d’« hiver nucléaire ». Les explosions massives projetteraient dans l’atmosphère des milliards de particules de suie, bloquant la lumière du soleil. Par conséquent, cela entraînerait une chute brutale des températures, l’effondrement de l’agriculture mondiale et une famine généralisée. Même les pays non touchés directement par les bombes subiraient les effets dévastateurs du bouleversement climatique global.

Dans ce contexte, l’effondrement des infrastructures humaines serait inévitable. Les systèmes de santé, d’approvisionnement, de communication et de gouvernance seraient paralysés. Dès lors, dans ce chaos, les gouvernements disparaîtraient, les sociétés se désintégreraient et les rares survivants sombreraient dans une lutte pour la survie. En somme, le monde tel que nous le connaissons cesserait d’exister. Ce ne serait pas simplement une guerre entre États, mais plutôt une fracture irréversible de l’histoire humaine.

Depuis 1945, la dissuasion nucléaire a permis d’éviter ce scénario apocalyptique. En effet, le principe de « destruction mutuelle assurée » a maintenu un équilibre fragile entre les puissances nucléaires. Néanmoins, cet équilibre dépend de la rationalité des dirigeants, de la fiabilité des systèmes et de l'absence d'erreurs humaines. Or, dans un monde de tensions croissantes, d’alliances fragiles et de propagande agressive, le risque d’un dérapage reste bien réel.

En définitive, une guerre nucléaire ne laisserait pas de vainqueurs, seulement des ruines. Elle mettrait fin à des siècles de civilisation et d’efforts humains pour bâtir un monde meilleur. Dès lors, l’humanité a aujourd’hui le choix : soit cultiver la diplomatie et la paix, soit s’abandonner à la folie de la destruction totale. Une troisième guerre mondiale, si elle devient nucléaire, ne serait pas un tournant de l’histoire : elle en serait, à coup sûr, le point final.

Timofeï Egorovitch Pravdine

Pourquoi les femmes noires préfèrent faire l’amour dans le noir ?


Dans les discussions autour de la sexualité, certaines idées reçues continuent de circuler, notamment sur les préférences supposées des femmes selon leur origine ethnique. Il n’est pas rare d’entendre que les femmes noires préfèrent faire l’amour dans le noir, tandis que les femmes blanches seraient plus à l’aise dans la lumière. Ces généralisations, souvent fondées sur des clichés culturels, méritent d’être déconstruites avec rigueur et sensibilité.

La vérité, c’est que les préférences sexuelles ne sont pas dictées par la couleur de peau, mais par un ensemble de facteurs personnels : l’éducation, l’environnement culturel, les expériences passées, la relation au corps et à l’intimité. Aimer l’obscurité pendant un moment intime peut être lié à une recherche de confort, à de la pudeur, à un désir de mystère ou, tout simplement, à une ambiance particulière. Ces choix sont profondément individuels et traversent toutes les cultures.

Chez certaines femmes noires, le rapport au corps peut être influencé par une histoire collective : celle de la colonisation, de l’hypersexualisation dans les médias ou encore du rejet des canons de beauté occidentaux. Cela peut créer un sentiment de gêne ou de réserve, qui se manifeste dans l’intimité par une préférence pour le noir, là où l’on se sent moins exposée. Ce n’est donc pas une question de race, mais une réaction à des pressions sociales et historiques.

De la même manière, certaines femmes blanches sont parfois perçues comme plus libérées sexuellement, plus démonstratives, voire plus à l’aise dans la lumière. Mais cette image, largement véhiculée par la culture populaire et les productions audiovisuelles occidentales, est elle aussi réductrice. De nombreuses femmes blanches peuvent éprouver les mêmes hésitations, les mêmes fragilités, et préférer également une intimité enveloppée d’ombre.

Il est donc essentiel de ne pas enfermer les individus dans des catégories préfabriquées. Chaque femme — noire, blanche, métisse, asiatique ou autre — est avant tout une personne singulière, avec ses goûts, ses désirs, ses blessures parfois, et surtout son droit à l’autodétermination. Ce qu’elle aime ou n’aime pas dans l’intimité ne dépend pas de son origine, mais de son histoire personnelle.

Plutôt que de se baser sur des stéréotypes raciaux, il est plus sain et plus enrichissant de privilégier le dialogue dans la relation. Savoir écouter, poser des questions avec délicatesse, créer un climat de confiance : voilà ce qui permet de mieux comprendre l’autre, d’entrer en lien profond et de vivre une sexualité épanouie. La lumière ou l’obscurité deviennent alors des choix partagés, et non des projections imposées.

En somme, les préférences sexuelles ne sont pas liées à l’origine ethnique, mais aux parcours de vie et à la sensibilité de chacun. Dépasser les stéréotypes, dialoguer avec respect et bienveillance, c’est offrir à l’intimité un espace de liberté où chaque femme peut s’épanouir pleinement, dans la lumière ou dans l’ombre, selon ses propres désirs.

Karl Guytemberg 

lundi 23 juin 2025

L’Iran ne gagnera jamais une guerre classique contre les États-Unis

Les États-Unis ont mené, dans la nuit du 21 au 22 juin, une série de frappes aériennes de grande ampleur contre trois sites nucléaires iraniens. Les cibles visées — Fordo, Natanz et Isfahan — abritaient des installations d’enrichissement d’uranium considérées comme critiques par Washington. Le président Donald J. Trump a justifié cette opération militaire en affirmant que l’Iran était « sur le point » d’acquérir l’arme nucléaire, et que ces frappes étaient nécessaires pour assurer la sécurité d’Israël et des États-Unis.

Baptisée Operation Midnight Hammer, l’intervention a mobilisé des bombardiers furtifs B‑2 Spirit et une salve de missiles Tomahawk lancés depuis la Méditerranée. Selon les premières évaluations du Pentagone, les trois sites ont été gravement endommagés, voire totalement détruits. Washington affirme avoir agi de manière « chirurgicale » pour limiter les pertes civiles. Le président Trump, qui assume pleinement cette offensive, parle d’un « succès militaire spectaculaire ».

Téhéran, de son côté, a vivement réagi. Le ministère iranien des Affaires étrangères a dénoncé une « agression illégale » et promis une réponse « ferme, stratégique et multiforme ». L’Iran dispose d’importants moyens de riposte indirecte : missiles balistiques, capacités cybernétiques, et surtout un réseau d’alliés régionaux (Hezbollah au Liban, milices chiites en Irak, Houthis au Yémen) capables d’ouvrir plusieurs fronts contre les intérêts américains et israéliens.

Israël, étroitement lié à l’escalade actuelle, poursuit ses opérations ciblées contre des objectifs sécuritaires iraniens, notamment à Téhéran. Selon plusieurs sources, des frappes israéliennes auraient récemment visé la prison d’Evin, symbole du pouvoir sécuritaire iranien. L’État hébreu justifie ses actions par la nécessité d’empêcher à tout prix l’Iran d’atteindre un seuil nucléaire.

Les conséquences de cette escalade sont déjà visibles. Le prix du baril de pétrole a bondi sur les marchés internationaux, alors que le détroit d’Ormuz — par où transite près d’un cinquième du pétrole mondial — est désormais considéré comme une zone à haut risque. Les ambassades occidentales renforcent leur sécurité, et plusieurs analystes redoutent des cyberattaques ciblées contre des infrastructures critiques.

Si l’Iran ne dispose pas des moyens militaires pour affronter frontalement les États-Unis, il peut durablement déstabiliser la région et entraîner Washington dans un conflit prolongé. Pour de nombreux observateurs, cette offensive pourrait marquer le début d’un engrenage dangereux, dont l’issue reste incertaine. Une chose est sûre : la diplomatie semble, pour l’instant, mise en pause.

Timofeï Egorovitch Pravdine

mercredi 18 juin 2025

Pour une transition inclusive et patriotique


Face à la défaillance du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et à l’urgence d’éviter une nouvelle dérive chaotique du pays après le 7 février 2026, le parti Konbit Pou Demokrasi présente une proposition de sortie de crise fondée sur le droit, la souveraineté nationale et la participation des forces vives du pays.

Cette initiative vise à jeter les bases d’une transition inclusive, ordonnée et légitime, en rupture avec les logiques d’exclusion et de collusion ayant mené à l’échec de l’actuel régime de transition.


UNE LÉGITIMITÉ FONDÉE SUR LA CONSTITUTION 

S’appuyant sur :

les articles 31 et 31.1 de la Constitution amendée de 1987, qui garantissent aux partis politiques le droit d’exister et d’agir dans le respect de la souveraineté nationale ;

l’article 289, qui identifie les secteurs vitaux de la nation ;

et l’article 6 de la loi électorale de 2013, reconnaissant le rôle structurant des partis dans la défense des intérêts du peuple,

le Konbit Pou Demokrasi rappelle que les acteurs politiques ont la responsabilité d’assurer la continuité institutionnelle et la préservation du tissu républicain.


UN EXÉCUTIF BICÉPHALE ISSU D'UN VOTE INCLUSIF 

La proposition écarte le modèle monocéphale ou collégial au profit d’un exécutif bicéphale composé d’un président et d’un premier ministre, désignés à l’issue d’un vote transparent.

Cinq personnalités nationales sont proposées comme candidats à la présidence de la transition :

Michel Soukar

Etzer Emile

Lucmane Délile

Jean Ernest Muscadin

Chrisnette Saint-Georges

Ceux-ci sont reconnus pour leur intégrité, leur patriotisme et leur capacité à incarner un consensus.

Le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix deviendra président de la transition, le second assumera la fonction de premier ministre.


UNE MÉTHODE CLAIRE, UN SCRUTIN ORGANISÉ PAR LA JUSTICE

L’organisation du scrutin sera confiée à une commission indépendante composée des présidents des cinq cours d’appel du pays. Elle aura pour mission :

de recevoir et valider les candidatures ;

de superviser le vote ;

d’assurer la transparence des résultats.

Les votants seront issus de 13 secteurs clés : femmes, religions, universités, affaires, syndicats, droits humains, presse, société civile, jeunesse, diaspora, paysans, vodou et partis politiques.


UNE TRANSITION AU SERVICE DE LA NATION

Le gouvernement de transition, formé par les deux chefs de l’exécutif en concertation avec les secteurs représentés, aura pour mission principale :

le rétablissement de la sécurité nationale ;

l’organisation d’un référendum constitutionnel crédible ;

la tenue d’élections libres et inclusives.

Ce gouvernement sera placé sous le contrôle de la Cour Supérieure des Comptes, qui produira des rapports trimestriels pour garantir la transparence.


UN CALENDRIER STRICT ET RÉALISTE

Durée de la transition : 2 ans maximum.

Date limite de passation du pouvoir : 7 février 2028.

Délai pour la prestation de serment : 3 jours après la proclamation des résultats.


UNE PROPOSITION OUVERTE À TOUS LES PATRIOTES

Le Konbit Pou Demokrasi lance un appel à tous les partis politiques et organisations citoyennes sincèrement engagées pour une Haïti souveraine et stable. Cette proposition constitue une base de dialogue et de convergence, dans une logique de reconstruction nationale.


Parti Konbit pou Demokrasi (P-KODEMO)

mardi 17 juin 2025

Pourquoi les jeunes rejoignent-ils les gangs en Haïti ?

Haïti traverse une crise multiforme, et l’un de ses symptômes les plus alarmants est le recrutement massif de jeunes au sein des groupes armés. Dans de nombreux quartiers défavorisés, des adolescents intègrent les gangs qui étendent chaque jour un peu plus leur emprise territoriale. Mais comment expliquer un tel phénomène ? Qu’est-ce qui pousse autant de jeunes à s’engager sur cette voie destructrice ?

Avant tout, la misère constitue un facteur central. Le chômage frappe durement la jeunesse, qui se retrouve livrée à elle-même, sans perspective ni soutien. Dans un tel contexte, les gangs apparaissent comme une échappatoire : ils offrent de quoi survivre, se vêtir, nourrir sa famille, et parfois même un sentiment de pouvoir ou de respect. Là où l’État est absent, ce sont les groupes armés qui deviennent des pourvoyeurs de solutions immédiates.

En second lieu, l’effondrement du système éducatif joue un rôle décisif. Entre les écoles fermées, les établissements inaccessibles ou les enseignants non payés, l’éducation devient un luxe que beaucoup ne peuvent se permettre. Autrement dit, lorsque l’école recule, la violence avance. Un jeune sans formation, sans encadrement et sans espoir est une cible facile pour les recruteurs de gangs.

Par ailleurs, la démission progressive de certaines familles face à l’effondrement général de la société ne peut être ignorée. Jadis espace de transmission de valeurs, de repères et de discipline, la cellule familiale est aujourd’hui fragilisée par la pauvreté, l’émigration, l’exclusion et parfois même la peur. Dans de nombreux foyers, les parents, accablés par le quotidien ou physiquement absents, n’ont plus les moyens ni l’autorité pour encadrer leurs enfants. Certains ferment les yeux, d’autres tolèrent, voire encouragent discrètement l’entrée de leurs fils dans un gang, espérant ainsi une amélioration immédiate des conditions de vie. Cette perte de repère au sein même de la famille laisse les jeunes livrés à eux-mêmes, exposés à toutes les influences, et sans filet protecteur.

En outre, l’absence de l’État sur le terrain permet à ces groupes de s’imposer comme des autorités parallèles. Ils établissent leurs lois, prélèvent des taxes, rendent une forme de "justice" et protègent leurs membres. Ainsi, pour nombre de jeunes, rejoindre un gang revient à intégrer une structure qui donne un sens, une reconnaissance, voire une identité dans une société qui les marginalise.

Dans ce climat de dérive sociale, l’influence culturelle joue également un rôle préoccupant. Certaines musiques, largement diffusées, glorifient la violence, les armes, la vengeance et la domination. Or, dans une société sans repères clairs, ces messages deviennent des modèles de comportement. La répétition de paroles agressives, souvent associée à des images de richesse et de puissance, façonne l’imaginaire de jeunes déjà fragilisés. L’industrie musicale, dans cette réalité, porte une part de responsabilité qu’il est temps d’assumer.

Par ailleurs, la peur agit comme un levier puissant. Dans plusieurs quartiers, refuser de rejoindre un gang peut coûter la vie. Les jeunes sont pris en étau entre les menaces des groupes rivaux, les représailles internes, et une population elle-même terrorisée. Ainsi, beaucoup d’entre eux rejoignent ces groupes non par conviction, mais pour survivre.

Enfin, il ne faut pas sous-estimer la dimension politique du phénomène. Les gangs ne sont pas de simples bandes désorganisées : ils sont souvent instrumentalisés par des acteurs politiques ou économiques en quête de pouvoir. Tant que certains secteurs continueront à financer, armer ou protéger ces groupes dans une logique de contrôle ou de manipulation, aucune solution durable ne pourra émerger.

En définitive, enrayer l’essor des gangs ne relève pas seulement de la répression policière. C’est un défi national qui exige une réponse sociale, éducative, économique et institutionnelle. Il faut offrir à la jeunesse haïtienne des alternatives crédibles : une éducation de qualité, des emplois dignes, un espace d’expression, une vraie place dans la société. Sans cela, elle continuera à se tourner vers les armes… car c’est encore, pour beaucoup, la seule voie qui semble ouverte.


Franck Olivier Martinez 

dimanche 15 juin 2025

Avoir un passeport américain ne suffit pas pour être américain

Naître dans un pays ne suffit pas à faire de soi un enfant légitime de cette terre. La nationalité, aussi officielle soit-elle, ne garantit pas l’appartenance. En Europe comme en Amérique du Nord, l’identité nationale s’est construite autour d’un modèle étroit : blanc, chrétien, occidental. Tout ce qui s’en écarte demeure souvent en marge.

Un Haïtien né aux États-Unis ou au Canada, un Africain venu au monde sur le sol européen, peut maîtriser la langue, connaître les codes, posséder tous les papiers. Mais dans les salons feutrés où se croisent les puissants, comme dans les regards ordinaires des passants, il reste un corps étranger. On l’appelle « Afro-Américain », « Afro-Canadien », « Afro-Français » — comme pour mieux signifier qu’il n’est jamais tout à fait d’ici. Que sa présence, tolérée, n’est jamais pleinement légitime.

Les Blancs connaissent trop bien la valeur de la terre pour vouloir vraiment la partager. S’ils l’avaient voulu, ils l’auraient fait avec les peuples autochtones d’Amérique, au lieu de les décimer. Ils auraient intégré les Roms, présents en Europe depuis des siècles, au lieu de les traiter comme des intrus. L’exclusion, dans ces sociétés, ne repose pas sur une simple différence de papiers. Elle s’enracine dans une histoire, dans une mémoire soigneusement entretenue — et sélective.

Penser que l’Européen ou l’Américain blanc partagera équitablement la terre avec les Noirs, c’est ignorer l’histoire. C’est oublier que l’accueil n’est souvent qu’un calcul : quand la main-d’œuvre manque, quand la natalité décline, on ouvre les portes. Mais dès que le besoin disparaît, on referme, on repousse, on stigmatise. L’étranger est toléré, jamais pleinement accueilli.

Ainsi, un Haïtien né au Québec peut s’entendre dire qu’il n’est pas un « vrai » Canadien. Un jeune Noir né à Paris ou à Berlin passera sa vie à justifier ses origines, comme si sa couleur trahissait son lieu de naissance. Pour ceux qui portent une autre mémoire, la légitimité reste toujours conditionnelle.

Mais comment appartenir à un espace où, dans les livres d’histoire, les médias et les récits nationaux, il n’y a presque aucun héros noir ? Comment les descendants des arrivants pourraient-ils croire qu’ils ont les mêmes droits que les fondateurs, quand ces derniers ont dû exterminer les peuples autochtones pour s’approprier les terres — alors même que ce sont, ironiquement, les mains des arrivants qui ont contribué à bâtir des pays comme le Canada ou les États-Unis ?


Texte de : Fernando Mercier


Bibliographie

Anderson, Benedict (1983). Imagined Communities : Reflections on the Origin and Spread of Nationalism. Londres, Verso.

Appiah, Kwame Anthony (1992). In My Father's House : Africa in the Philosophy of Culture. Oxford, Oxford University Press.

Balibar, Étienne & Wallerstein, Immanuel (1990). Race, nation, classe : Les identités ambiguës. Londres, Verso.

Churchill, Ward (1997). A Little Matter of Genocide : Holocaust and Denial in the Americas, 1492 to the Present. San Francisco, City Lights.

Coates, Ta-Nehisi (2015). Between the World and Me. New York, Spiegel & Grau.

Fanon, Frantz (1952). Peau noire, masques blancs. Paris, Éditions du Seuil.

Kelley, Robin D. G. (2002). Freedom Dreams : The Black Radical Imagination. Boston, Beacon Press.

Liégois, Jean-Pierre (1994). Roms et Tsiganes. Paris, La Découverte.

Mbembe, Achille (2010). Sortir de la grande nuit : Essai sur l’Afrique décolonisée. Paris, La Découverte.

Memmi, Albert (1957). Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur. Paris, Buchet-Chastel.

Noiriel, Gérard (2007). À quoi sert l’identité nationale. Marseille, Éditions Agone.

Robinson, Cedric J. (1983). Black Marxism : The Making of the Black Radical Tradition. Londres, Zed Press.

Said, Edward W. (1978). Orientalism. New York, Pantheon Books.

samedi 14 juin 2025

Comment savoir si une femme vous trompe ?

Il n’est jamais facile de douter de la fidélité de la personne qu’on aime. Pourtant, certains comportements peuvent éveiller des soupçons lorsqu’ils deviennent inhabituels ou contradictoires. Il ne s’agit pas de tomber dans la paranoïa, mais d’observer avec attention les changements dans la relation.

L’un des premiers signes souvent remarqués est la distance émotionnelle. Une femme qui trompe peut devenir moins affectueuse, moins attentive, comme si elle n’était plus entièrement présente dans la relation. Ce détachement peut s’accompagner d’un désintérêt pour les discussions profondes ou d’une baisse nette de la complicité.

La gestion du téléphone portable est aussi un indicateur. Lorsqu’elle devient brusquement très secrète avec son téléphone — changement de mot de passe, réponses rapides en cachette, suppression de messages — cela peut révéler qu’elle cache quelque chose. L'excès de prudence numérique n’est jamais innocent, surtout s’il n’était pas présent auparavant.

Par ailleurs, les changements dans l’intimité ne doivent pas être ignorés. Une baisse soudaine du désir sexuel, ou au contraire, des comportements nouveaux et inhabituels, peuvent traduire une influence extérieure. Ce n’est pas toujours une preuve de tromperie, mais cela mérite réflexion.

Il arrive aussi qu’une femme infidèle se montre plus critique, distante ou facilement irritable. Dans certains cas, elle peut même renverser les rôles en accusant son partenaire d’infidélité, pour détourner l’attention ou soulager sa propre culpabilité. Ce genre d’attitude traduit souvent une instabilité émotionnelle liée à une double vie.

Enfin, il est essentiel de ne pas tirer de conclusion hâtive. Ces signes peuvent aussi être le reflet d’un mal-être personnel, d’un stress professionnel ou d’un problème dans le couple. La meilleure façon d’en avoir le cœur net reste une conversation honnête, menée avec respect et ouverture. Le doute détruit plus de relations que la vérité.

Rodensky Pratt

vendredi 13 juin 2025

Homophobe à l'oral, homosexuel sur le formulaire de visa

Pour savoir si un homme est digne, il faut observer son attitude face à l’adversité et à la misère. Combien de jeunes, parmi les plus virulents homophobes, avez-vous connus qui exprimaient une haine viscérale contre les homosexuels… mais qui, pour quitter Haïti, n’ont pas hésité à cocher la case « homosexuel » sur leur formulaire de visa canadien ?

Il n’y a pas de plus grand bluffer que l’Haïtien. Il cherche toujours à tromper les autres en faisant croire qu’il est quelqu’un ou quelque chose qu’il n’est pas. À l’oral, il tient des discours hostiles, méprisants envers les homosexuels — souvent pour plaire à son entourage ou par réflexe culturel. Mais sur papier, face à une opportunité de fuir la précarité, il change de costume : il devient homosexuel, persécuté, vulnérable. Non pas par conviction, mais par stratégie.

Parfois, son homophobie n’est qu’un masque. Il n’éprouve pas forcément une aversion sincère envers les homosexuels ; il perçoit plutôt l’homosexualité comme une passerelle vers certains privilèges auxquels il n'a pas accès : un poste dans une ONG, un réseau d’influence, ou un visa. Ce qu’il combat, ce ne sont pas tant les homosexuels que les avantages réels ou supposés qui leur sont accordés.

Il pourrait même aller jusqu’à s’adonner à des pratiques homosexuelles pour obtenir ces bénéfices, pour faire partie des cercles dits Massi-Madi — mais il s’en abstient. Non par morale, mais par peur. Peur qu’un partenaire parle. Peur que ses propos d’hier le rattrapent. Peur de passer du rôle de juge à celui d’accusé. Ce n’est pas la morale qui le retient, c’est le scandale.

Mais une fois seul devant le formulaire, il n’hésite pas. Il sait que le Canada accorde une attention particulière aux personnes persécutées pour leur orientation sexuelle. Il sait aussi que ce mensonge restera sans témoin : ni sa famille, ni ses amis ne verront ce qu’il a écrit. Alors il ment. Il se déclare homosexuel. Juste le temps d’un visa.

Homophobe à l’oral, homosexuel sur le formulaire : il incarne cette hypocrisie sociale qui s’adapte aux circonstances, qui ment pour survivre, qui crache sur ce qu’il convoite. Dans un pays où la misère pousse à toutes les contorsions, il devient ce qu’il faut être pour partir. Non par orientation, mais par destination.


Note de l’auteure :

Ce texte ne cherche ni à banaliser la souffrance réelle des personnes LGBTQ+ ni à stigmatiser une population. Il met en lumière un phénomène social observable dans un contexte de misère et d’opportunisme : comment certains individus instrumentalisent une cause qu’ils méprisent en public, simplement pour fuir leur pays. C’est une critique de l’hypocrisie, non de l’orientation sexuelle.


Martha Marcelin

jeudi 12 juin 2025

Donald Trump va-t-il perdre le pouvoir ?

Par Timofeï Egorovitch Pravdine

Depuis plusieurs jours, les États-Unis et plus particulièrement la Californie sont le théâtre de vastes mouvements de protestation contre la politique de déportation menée par l’administration Trump. À Los Angeles, la situation a dégénéré : scènes de pillage, véhicules incendiés, affrontements violents avec les forces de l’ordre. En réaction, le président a ordonné le déploiement de la Garde nationale et de contingents de Marines afin de « rétablir l’ordre ».

Or, cette intervention musclée a été aussitôt dénoncée par les autorités locales, notamment le gouverneur Gavin Newsom et le maire de Los Angeles. Ces derniers accusent Donald Trump d’avoir outrepassé ses prérogatives en engageant des troupes fédérales sans concertation préalable. Par conséquent, des recours en justice ont été lancés, illustrant l’intensification du bras de fer entre Washington et les États démocrates.

Sur le plan national, l’opinion reste profondément divisée. Certes, une partie des Américains continue d’appuyer un durcissement de la politique migratoire. Toutefois, l’usage de la force contre des citoyens américains suscite un vif débat. Ainsi, la crainte d’une dérive autoritaire gagne du terrain, en particulier chez les progressistes et au sein des médias indépendants.

D’un point de vue politique, Donald Trump joue une partie risquée. En effet, en militarisant la réponse aux manifestations, il cherche à renforcer son image d’homme fort auprès de sa base conservatrice. Cependant, cette stratégie pourrait se retourner contre lui si la situation s’envenime davantage, notamment en cas de pertes humaines, ce qui entamerait irrémédiablement son capital politique.

Sur le plan institutionnel, Trump reste pour l’instant solidement installé à la Maison-Blanche. De ce fait, une destitution immédiate paraît improbable, sauf en cas de crise majeure : insubordination militaire, rupture avec les gouverneurs, ou activation exceptionnelle du 25e amendement. Néanmoins, ces scénarios, bien que plausibles, demeurent encore hypothétiques.

En revanche, sur le plan politique et symbolique, le président sort nettement affaibli. La contestation massive, les critiques émanant d’élus locaux et le malaise grandissant dans l’opinion publique ébranlent sa légitimité. En conséquence, il risque de perdre le soutien de l’électorat modéré et indépendant — un électorat-clé à l’approche des élections de mi-mandat. Si une coalition anti-Trump parvient à canaliser cette énergie contestataire, alors ses ambitions futures pourraient être sérieusement compromises.

Mais surtout, c’est sur le terrain populaire que le pouvoir de Donald Trump semble vaciller. La montée en puissance des mobilisations, les actes croissants de désobéissance civile et le rejet de plus en plus affirmé de ses méthodes autoritaires creusent une fracture profonde entre le président et une partie du pays. Dès lors, même s’il conserve les leviers de l’État, Trump pourrait perdre son autorité morale et politique sur une large frange de la société américaine.

En somme, si une perte immédiate du pouvoir paraît peu probable, Donald Trump apparaît aujourd’hui plus vulnérable que jamais. En définitive, sa gestion de cette crise pourrait sceller non seulement son avenir politique, mais aussi celui d’un pays profondément divisé et à bout de souffle. Une chose est certaine : les États-Unis se trouvent à un tournant décisif, et les jours à venir seront déterminants.

mercredi 11 juin 2025

Faut-il éliminer le peuple pris en otage par les gangs ?

Maître Amos Piard


Faut-il jeter les pierres aux enfants du néant,

ces âmes abandonnées, n’ayant pour bien que leur sang ?

Ne faut-il pas d’abord blâmer les mains qui manipulent,

ceux qui, de l’ombre, attisent les feux et les bousculent ?


Nés sans nom, sans avenir, ni héritage, ni chance,

rejetés par un monde sourd à leur souffrance,

ils n’ont jamais connu la senteur fraîche de la menthe,

mais on exige d’eux qu’ils marchent droits sur la pente.


Ont-ils un nez moins vif pour frissonner au bonheur ?

Un cœur sans rêve ou goût du vin d’honneur ?

Pourquoi les oublie-t-on dans les prières dominicales,

comme s’ils n’étaient que fautes et âmes bancales ?


Ils portent en silence un diplôme de morts,

lourde couronne d’un système sans remords.

Sont-ils nés pour nourrir la terre et les corbeaux ?

Pourrissent-ils jeunes, faute de chemins plus beaux ?


Quels remèdes propose-t-on, sinon tuer, tuer encore,

à ces vies qu’on appelle « catastrophes » à tort ?

Roumain, Firmin, que seraient-ils devenus,

sans savoir, sans livres, dans ces ghettos perdus ?


Qu’est-ce qui nous empêche, filles et fils de la nation,

de bâtir ensemble une même éducation ?

Pourquoi tant grandissent dans une frustration crue,

livrés à eux-mêmes, dans une jungle nue ?


Il est temps que cesse l’indifférence routinière,

que la gouvernance devienne mission entière.

Moins de clientélisme, plus de justice vraie,

pour soigner les plaies, unir et panser les regrets.

Le sexe anal séduit de plus en plus les jeunes

Ivan Hristov 

Le sexe anal, autrefois considéré comme une pratique marginale, gagne aujourd’hui en popularité chez les jeunes. Cette tendance, largement encouragée par les médias, la pornographie et un discours moderne sur la « libération sexuelle », pousse de nombreux jeunes à expérimenter cette pratique sans toujours mesurer ses implications réelles.

Biologiquement, l’anus n’est pas fait pour la pénétration : ses parois sont fragiles, non lubrifiées naturellement, et exposées à des risques élevés de blessures et d’infections. Pourtant, la pression sociale et les représentations idéalisées véhiculées dans la culture populaire incitent beaucoup de jeunes à banaliser ces dangers.

Cette montée du sexe anal chez les jeunes soulève des questions importantes. Où est passée l’éducation à une sexualité responsable ? Où est le respect du corps et le souci du consentement éclairé ? La médecine alerte sur les risques physiques – fissures, affaiblissement des tissus, troubles à long terme – ainsi que sur l’augmentation des infections sexuellement transmissibles, dont le VIH, particulièrement favorisées par cette pratique.

Malgré ces mises en garde, la culture du plaisir immédiat et l’omniprésence d’une pornographie sensationnaliste tendent à minimiser ces dangers, créant une forme de pression à l’expérimentation qui peut devenir contraignante, voire néfaste.

Il est donc essentiel que les jeunes soient mieux informés, qu’ils puissent faire des choix libres et conscients, en respectant leur corps et leur santé. Le véritable progrès ne réside pas dans la simple répétition des modes, mais dans une sexualité réfléchie, responsable et respectueuse.


mardi 10 juin 2025

Se prostituer sur les réseaux sociaux

 Par Ivan Hristov

Les réseaux sociaux ont changé notre rapport à la sexualité. Ce qui était autrefois quelque chose d’intime est maintenant exposé à tout le monde, comme un simple produit qu’on vend au plus offrant. Derrière les mots comme « liberté » ou « expression personnelle », on assiste surtout à un défilé constant de provocations et de mises en scène souvent très vulgaires.

Avant, la sexualité se vivait dans le respect et la discrétion. Aujourd’hui, elle est mise en avant sans filtre ni retenue, juste pour attirer l’attention, récolter des likes, et gagner de l’argent. Montrer son corps est devenu un moyen comme un autre de faire du profit, au détriment du respect de soi et des autres.

Le plus ironique, c’est que ce phénomène se présente comme une forme d’émancipation. En réalité, beaucoup se retrouvent piégés dans une logique où leur valeur dépend du nombre de vues ou d’abonnés. Le corps devient un objet, une carte à jouer dans une sorte de compétition virtuelle sans fin.

Ce problème touche surtout les plus jeunes, qui grandissent dans un environnement où la sexualité est déformée, où il devient difficile de distinguer ce qui est librement choisi de ce qui relève de la pression ou de l’exploitation. La pudeur disparaît peu à peu, remplacée par une exposition permanente.

Mais cette situation n’est pas une fatalité. Elle révèle une société qui a perdu ses repères, qui confond liberté et excès. Si on ne pose pas des limites claires, on risque de tomber dans un monde où plus rien n’a de valeur, sauf l’apparence et le buzz.

En fin de compte, cette course à l’exhibition est le reflet d’un monde superficiel, où l’humain passe après le spectacle. Si on ne fait rien, il ne restera que des images vides, dans une société qui aura oublié ce qu’est vraiment l’humanité.

lundi 9 juin 2025

Pourquoi les jeunes doivent lire

Aujourd’hui, avec les téléphones, les réseaux sociaux et les vidéos partout, on oublie souvent à quel point la lecture est importante. Pourtant, lire reste essentiel pour les jeunes. Ce n’est pas seulement un passe-temps, c’est une vraie richesse qui aide à mieux grandir et à mieux comprendre le monde.

En effet, lorsqu’un jeune lit régulièrement, il enrichit son vocabulaire, comprend mieux les textes et apprend à organiser ses idées. Cela l’aide non seulement à réussir à l’école, mais aussi à mieux communiquer dans la vie quotidienne. Il s’exprime plus clairement, à l’oral comme à l’écrit.

De plus, la lecture aide à développer l’esprit critique. En découvrant différents points de vue, le jeune apprend à réfléchir par lui-même. Il devient capable de poser des questions, de vérifier les informations et de ne pas croire tout ce qu’il voit ou entend, surtout sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, lire permet aussi de mieux comprendre les autres. À travers les histoires, les émotions et les situations vécues par les personnages, le jeune développe de l’empathie. Il devient plus sensible, plus attentif et plus respectueux envers les autres.

En outre, la lecture renforce l’autonomie intellectuelle. Elle encourage les jeunes à se forger leur propre opinion, à prendre du recul et à penser avec indépendance. Cette capacité est essentielle pour devenir un citoyen libre et responsable, engagé dans la société.

Enfin, lire est aussi une source de plaisir. C’est un moment de calme, loin du bruit et du stress. Lire permet de voyager, de rêver, de rire ou de se détendre. Le livre devient alors un compagnon fidèle, toujours prêt à offrir un nouvel univers.

En conclusion, la lecture est une clé pour l’avenir. Elle aide les jeunes à apprendre, à réfléchir, à mieux vivre avec les autres et à s’épanouir. Promouvoir la lecture chez les jeunes, c’est investir dans une génération plus consciente, plus forte et plus libre.

Jemima Joseph 

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La faillite des partis politiques en Haïti

Par Guerlanda Charles


Le paysage politique haïtien est marqué par un effondrement silencieux, mais profond : celui des partis politiques. Non seulement ils peinent à jouer leur rôle dans la vie démocratique, mais ils apparaissent de plus en plus comme des structures en ruine, incapables de porter un projet collectif, d’encadrer la population ou même de survivre au-delà d’un cycle électoral. Cette faillite est à la fois structurelle, morale, fonctionnelle et idéologique.

Historiquement, les racines de cette faillite remontent aux régimes autoritaires des Duvalier, qui ont systématiquement réprimé toute tentative de structuration politique autonome. La dictature a détruit les bases d’une culture politique pluraliste. Après 1986, la transition vers le multipartisme s’est faite sans véritable refondation institutionnelle. Le vide laissé par la chute du régime n’a pas été comblé par des partis structurés, porteurs de doctrine ou enracinés dans la société. Au contraire, on a assisté à une prolifération de micro-partis opportunistes, souvent créés pour répondre à des calculs électoraux ponctuels.

Sur le plan institutionnel, bien que la loi haïtienne institue un financement public destiné aux partis politiques, ce mécanisme reste largement insuffisant et mal régulé. Le soutien financier de l’État, théoriquement transparent et conditionné à des critères précis, peine à garantir une structuration saine ou une représentativité réelle. Par exemple, lors des dernières élections législatives, plusieurs partis ont bénéficié de fonds sans rendre compte de leur utilisation, alimentant la méfiance populaire. Cette situation favorise le maintien de partis opportunistes, dépendants des ressources étatiques ponctuelles, sans projet politique durable ni enracinement populaire réel.

La faillite est aussi interne. Beaucoup de partis sont construits autour de la figure unique d’un leader charismatique, centralisant tous les pouvoirs et décisions. Ce fonctionnement autocratique empêche toute relève ou transmission, rendant les structures extrêmement fragiles. Dès que le leader disparaît, le parti s’effondre. C’est le cas de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL), qui, après avoir joué un rôle important dans la politique haïtienne, a vu sa cohérence et son influence diminuer fortement suite au départ ou au décès de ses leaders clés. Il n’y a ni vie militante, ni débat interne, ni formation politique des cadres. Ce sont des appareils politiques sans âme.

Plus grave encore, les partis politiques en Haïti ont échoué à incarner une vision du futur. Ils ne produisent ni réflexion stratégique sur le pays, ni projet de société. Très peu prennent position sur les grandes questions sociales, économiques, culturelles ou environnementales. Ils brillent par leur silence face aux crises majeures, se contentant d’apparaître à l’approche des élections avec des promesses vagues et des slogans creux.

Cependant, il faut reconnaître que certains mouvements émergents, notamment des jeunes collectifs ou associations citoyennes, tentent de combler ce vide en proposant des espaces de débat et d’engagement. Ces initiatives, bien que marginales, montrent que l’espoir d’une refondation politique existe, mais elles restent peu intégrées dans le système partisan actuel.

Cette faillite contribue à une profonde rupture de confiance entre les citoyens et la classe politique. En conséquence, l’abstention électorale atteint des niveaux alarmants, le désintérêt pour la chose publique s’amplifie, et les frustrations sociales se transforment en colère ou en indifférence politique.

Dans ce contexte, la faillite des partis politiques devient une menace directe pour la démocratie haïtienne. Sans partis forts, il n’y a pas de représentation légitime, pas de débat national organisé, pas de canal institutionnel pour la mobilisation citoyenne. La démocratie devient alors une façade sans fondation, une illusion sans substance.

Pour sortir de cette impasse, une refondation radicale du système partisan s’impose. Cela passe par une réforme électorale sérieuse, l’instauration d’un financement public équitable et transparent, et l’imposition de critères de fonctionnement démocratique internes aux partis. Mais surtout, il faut repenser le rôle même du parti politique : il doit redevenir un espace d’organisation populaire, de production d’idées, de formation civique et de mobilisation nationale.

Autrement dit, il ne s’agit pas seulement de réparer un système, mais de reconstruire une culture politique. Car tant que les partis resteront des instruments creux au service d’ambitions individuelles, ils resteront les principaux symboles de l’échec démocratique haïtien.

dimanche 8 juin 2025

En Haïti le savoir est un crime et un péché

 Par Jameson LEOPOLD 

Le professeur Leslie Manigat a un jour déclaré : « Il y a une lutte constante contre l’intelligence dans ce pays ». Effectivement, en Haïti, dès que tu obtiens ton baccalauréat, on commence à te regarder de travers ; une licence te fait perdre des amis ; avec un master, tu deviens un danger, et certains postes (ministre, secrétaire d’État) te sont désormais interdits ; avec un doctorat, tu es un homme à abattre. Dès lors, il te sera difficile d’être recteur d’université et presque impossible de briguer un poste électif.

Dès lors, un homme qui quitte l’école avant le brevet fondamental pour devenir maire, député ou sénateur, voire accéder à la plus haute magistrature de l’État, est-il forcément idiot ? Autrement dit, peut-on traiter d’imbécile celui qui, après avoir bien compris la réalité sociologique haïtienne, choisit de quitter très tôt l’école pour se lancer dans la politique ?

Pendant des décennies, on nous a bernés. On nous a fait croire qu’en tant qu’enfants du peuple, notre seule richesse devait être nos diplômes. On nous disait que lorsqu’on est pauvre, il faut être intelligent, digne et noble, que l’étude nous ouvrirait les portes de la réussite. Or, avec le temps, on découvre que tout cela n’était que mensonge dans une société où être intelligent est devenu un crime et un péché. En réalité, nous vivons dans un pays où la haine des intellectuels ronge le corps social comme une lèpre. Un pays où le savoir est sur le banc des accusés. Ainsi, il n’est pas étonnant que plus de 90 % de nos cerveaux se trouvent à l’étranger.

Dans cette logique, n’importe qui devient n’importe quoi. Un élève de secondaire I enseigne en secondaire II ; il ne parle pas un mot d’anglais, mais enseigne pourtant l’anglais ; avec une simple licence, il devient doyen d’université ; avec un master professionnel, il est nommé recteur ; il est ministre alors qu’il touche à peine à l’alphabétisation ; sans avoir jamais manié une arme, il devient garde du corps ; il est criminel notoire et pourtant siège au Parlement haïtien — en fait, c’est justement ce statut de criminel qui l’y a propulsé.

Un jour, un ami m’a dit : « Écoute frérot, si tu veux te faire un nom en Haïti, évite l’école. Au contraire, tue, pille, kidnappe, vends de la drogue : le système judiciaire haïtien te garantira toujours des juges pourris pour t’éviter la prison. Et cette presse mendiante et mercenaire ne te critiquera jamais sérieusement. Bien au contraire, elle nettoiera tes souillures, fera de toi un grand leader honnête. Toi, vermine, cancrelat d’aujourd’hui, deviendras l’ascète de demain. »

Mais alors, vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi les émissions politiques pullulent comme des mauvaises herbes sur nos radios et télévisions ? La raison est simple : pour être analyste politique, aucun prérequis n’est exigé, sinon être un bon thuriféraire. Dans ce domaine, plus tu es inculte, plus tu fais de bruit, et plus tu es considéré comme un grand analyste. En somme, tout cela n’est que pure imposture. Ils ont fait de la politique quelque chose de vil et méprisable. Comme si la politique n’était pas une science.

Pourtant, pour animer une émission sur la santé, la psychologie, l’astronomie, le développement ou la physique, il faut avoir un niveau universitaire. Des experts sont requis pour traiter de ces questions. Or, seules les sciences politiques et éducatives sont livrées à l’amateurisme. Et cette absurdité est propre à Haïti.

Autrefois, les intellectuels pensaient pour la société. Aujourd’hui, ce sont les ignorants qui transmettent leur « savoir ». Et quel savoir ! À une époque, les ignorants se taisaient. Désormais, ils pérorent à tue-tête. Les esprits brillants sont réduits au silence, tandis que les incultes, les nuls, les brigands gouvernent. Au Palais national, les démagogues sont à la mode. Au Parlement, des illettrés rédigent des lois à l’image de leur inintelligence. Le système judiciaire est gangstérisé. À la Primature, les spécialistes de l’ânerie font la pluie et le beau temps. Et ils sont, bien sûr, les seuls nouveaux riches du pays.

Paradoxalement, face à ce constat, celui qui abandonne l’école tôt pour embrasser la politique est le plus intelligent de tous. Il sait qu’en étudiant, il n’aura jamais accès à la richesse ni au respect social. Tandis qu’en se faisant bandit et ignorant, il garantit son avenir politique et économique. Les élites viendront se prosterner devant lui. Il pourra coucher avec qui il veut, car en Haïti, avec l’argent et le pouvoir, tout est permis.

Cependant, le savoir n’a pas toujours été un crime ni un péché. Alors, qu’est-ce qui explique son nouveau statut ? Tout simplement, lorsqu’une société laisse des gens au bord de la route du développement, lorsque tout le monde n’a pas les mêmes chances, lorsque l’inégalité et l’injustice sociale sont les fondations du système, il est normal que les laissés-pour-compte nourrissent de la haine envers ceux qui savent.

Néanmoins, le jour où nous bâtirons une société juste et égalitaire, où l’instruction sera diffusée sans réserve dans toutes les couches de la population, alors, les choses changeront, et le savoir règnera de nouveau.

vendredi 6 juin 2025

Pourquoi Donald Trump ferme la porte aux Haïtiens

Par Timofeï Egorovitch Pravdine

Alors qu’Haïti s’effondre sur les plans politique, économique et sécuritaire, il n’est guère surprenant que l’administration Trump ait choisi de restreindre sévèrement l’entrée des ressortissants haïtiens aux États-Unis. Cette orientation contraste fortement avec celle de l’administration Biden, qui s’était montrée plus tolérante à travers des dispositifs tels que le parole humanitaire ou le TPS (Temporary Protected Status). Dès lors, une question s’impose : pourquoi Donald Trump a-t-il durci sa politique migratoire envers les Haïtiens ?

Selon Trump, l’un des problèmes majeurs réside dans le taux élevé de dépassement de visa. Très peu d’Haïtiens retournent au pays après un séjour touristique ou universitaire aux États-Unis. D’ailleurs, dans la culture populaire haïtienne, il est communément admis qu’« un Haïtien ne quitte pas son pays deux fois » : une fois le visa obtenu, beaucoup cherchent à s’installer à l’étranger, souvent en dehors des cadres légaux. Cela constitue une violation des lois américaines sur l’immigration, que l’administration Trump considère comme une atteinte grave à l’intégrité du système migratoire.

Cette position s’inscrit aussi dans un contexte où l’État haïtien ne parvient plus à exercer un contrôle effectif sur son territoire. Depuis plusieurs années, le pays n’est ni administré ni gouverné. De nombreuses personnes accusées de crimes violents quittent le territoire sans entrave, transitent par des pays d’Amérique latine comme le Brésil, le Chili ou le Mexique, puis pénètrent aux États-Unis sans vérification rigoureuse. Cette absence de contrôle, combinée à l’inexistence d’un système fiable d’identification des citoyens haïtiens, suscite une inquiétude légitime chez les autorités américaines, notamment en matière de sécurité intérieure. À cet égard, il convient de rappeler que certains gangs haïtiens ont été officiellement désignés comme organisations terroristes par les États-Unis — ce qui illustre la gravité de la menace perçue et justifie, selon Washington, un renforcement des mesures migratoires.

Par ailleurs, les procédures opaques entourant la délivrance des passeports haïtiens soulèvent de vives préoccupations. Il a été établi que certains ressortissants étrangers, notamment en provenance du Moyen-Orient, ont pu obtenir frauduleusement des passeports haïtiens. Ces documents leur permettent ensuite de solliciter un visa américain sans que les autorités américaines puissent vérifier leur véritable identité ou leur parcours. Ce manque de transparence dans la gestion des documents officiels haïtiens alimente donc les soupçons et la méfiance.

À cette dimension sécuritaire s’ajoute une logique idéologique propre à Donald Trump. Depuis son irruption sur la scène politique, il affiche une préférence claire pour une immigration dite « méritée », provenant de pays riches et stables. En conséquence, il rejette l’arrivée massive de personnes peu qualifiées issues de nations pauvres ou en crise. En 2018, il avait même qualifié Haïti et certains pays africains de « shithole countries », suscitant une vive indignation. Pour lui, le fait que des milliers d’Haïtiens aient obtenu une protection humanitaire sous l’administration Biden constitue une humiliation. C’est pourquoi il s’oppose également au renouvellement du TPS pour les Haïtiens.

Dans ce contexte, une question essentielle se pose : que peut faire Haïti pour sortir de cette impasse ?Il est encore possible d’inverser cette dynamique, à condition d’engager des réformes profondes et cohérentes. En premier lieu, le pays doit moderniser son administration, notamment les institutions chargées de l’état civil, des passeports et de l’immigration. L’introduction de technologies biométriques, la création de bases de données fiables et la transparence dans la délivrance des documents officiels constituent des étapes incontournables.

Parallèlement, Haïti doit renforcer sa coopération avec les États-Unis en matière de sécurité et de justice, tout en travaillant sérieusement sur le contrôle de ses frontières. Il est également crucial de s’attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière : pauvreté endémique, chômage massif, manque d’opportunités académiques et professionnelles, insécurité chronique, corruption généralisée. Tant que les jeunes ne verront pas d’avenir dans leur pays, ils continueront à chercher à partir — légalement ou non.

Il devient aussi urgent de revoir en profondeur la diplomatie haïtienne, affaiblie par le népotisme et l’incompétence. Trop souvent, les postes sont attribués non sur la base de compétences, mais en raison de relations personnelles ou intimes avec des politiciens. Ce dysfonctionnement nuit gravement à la capacité d’Haïti de défendre sa cause sur la scène internationale. À l’inverse, une diplomatie plus professionnelle, soutenue par un lobbying efficace de la diaspora, pourrait contribuer à rétablir un dialogue constructif avec les autorités américaines.

Enfin, il est impératif de sensibiliser la population haïtienne à la nécessité de respecter les lois migratoires. Un visa étudiant implique un retour après les études ; un visa touristique autorise un séjour limité. S’installer illégalement aux États-Unis après l’obtention d’un visa affaiblit non seulement la position du migrant, mais aussi les relations bilatérales entre les deux pays. Il faut comprendre que les comportements individuels ont des conséquences collectives durables.

Sortir d’une liste noire migratoire n’est jamais simple, mais ce n’est pas impossible. Haïti peut y parvenir si elle démontre une volonté réelle de réforme, de coopération et de reconstruction. En définitive, cette situation ne doit pas être perçue comme une fatalité, mais comme une occasion de repenser notre rapport à l’État, à la migration et à notre souveraineté. Ce combat exige une mobilisation à tous les niveaux : politique, institutionnel, citoyen et international.

jeudi 5 juin 2025

Laïcité trahie : Haïti sous le joug du concordat de 1860

A-t-on jamais jugé l’auteur colonial et son complice dans le devenir tragique d’Haïti ? L’Haïtien a-t-il réellement pu, à tête reposée, retracer la trajectoire historique de son malheur ? Pourquoi les tabous persistent-ils quand il s’agit de questionner la responsabilité du duo esclavagiste : la France et l’Église catholique ?

Tout commence le 5 décembre 1492, lorsque Christophe Colomb et les Espagnols débarquent sur l’île d’Hispaniola, aujourd’hui connue sous le nom d’Haïti. Dès le départ, la religion est instrumentalisée pour justifier l’asservissement des peuples autochtones, qualifiés de « barbares ». En l’espace de onze ans, plus d’un million d’Arawaks et de Taïnos sont exterminés, victimes d’un véritable génocide commis par des évangélisateurs devenus humanicides.

Le traité de Ryswick, en 1697, partage l’île entre deux puissances coloniales : la France s’approprie la partie occidentale, l’Espagne la partie orientale. De 1503 à 1803, des millions de Noirs sont arrachés à l’Afrique pour remplacer les populations autochtones décimées, tandis que l’Église catholique accompagne idéologiquement le système esclavagiste. Servante fidèle des deux empires, elle s’emploie à domestiquer l’esprit des esclaves, consolidant ainsi la machine coloniale.

Mais l’esclave finit par prendre conscience. Le point d’orgue de cette prise de conscience demeure le congrès du Bois Caïman, tenu du 14 au 22 août 1791. Une cérémonie spirituelle y a symbolisé le début d’un chemin irréversible vers la liberté, marquant l’embrasement révolutionnaire qui allait mener à l’indépendance.

Après la liberté conquise, la Constitution de 1805 sous Jean-Jacques Dessalines marque une rupture nette avec le passé : les articles 50 à 52 proclament la laïcité de l’État, garantissent la liberté de culte et interdisent l’entretien de tout culte par l’État. Mais ces principes sont vite trahis.

Le 28 mars 1860, le président Fabre Nicolas Geffrard signe un concordat avec le Vatican, réinstaurant le catholicisme comme religion officielle, avec tous les privilèges que cela implique, en contradiction flagrante avec l'esprit de 1805. Ce concordat est accompagné de textes subséquents, notamment :


Le texte additionnel du 28 mars 1860 ;


La convention organique du 6 février 1861 sur la répartition territoriale et le financement de l’Église ;


La convention du 17 juin 1862 sur les salaires du clergé et le financement des séminaires.


Même les efforts de nationalisation du clergé imposés par les Duvalier entre 1958 et 1966 n’ont pas permis de rompre avec cette domination religieuse. L’Église catholique demeure aujourd’hui encore une charge pour l’État haïtien.

Dans une société exsangue sur le plan économique et en mutation sur le plan spirituel, le concordat de 1860 apparaît comme l’une des plus grandes arnaques de l’histoire d’Haïti, au même titre que la rançon de l’indépendance imposée par la France. Ces deux chaînes invisibles entravent la cohésion nationale et la modernisation de l’État.

Il est temps de briser ces silences. Il est temps de résoudre, sans tabous, les problèmes structurels et conjoncturels qui gangrènent notre société. La France doit restituer la rançon de l’indépendance. L’Église catholique doit reconnaître sa responsabilité dans le sous-développement d’Haïti. Le concordat de 1860 doit être dénoncé, et les biens de l’Église construits avec les fonds publics doivent être nationalisés.

La laïcité ne doit plus être un principe ignoré. Elle doit devenir la clé d’une réconciliation nationale, garantissant un espace pluriel pour tous les Haïtiens, sans distinction de croyance ni d’origine.  

Amos PIARD 


Dessalines, le petit con de l’Occident

Un jeune Blanc de 20 ans, originaire de l’Est, part étudier à l’Ouest. À son arrivée, on lui parle de modernité, de civilisation, de progrès. On lui dit que chez lui, les choses ne sont pas vraiment développées. Il écoute, surpris qu’on ose comparer des sociétés aux histoires si différentes, comme si un seul modèle devait s’imposer partout.

On tente de le séduire : Paris et ses lumières, Rome et ses ruines, les musées de Londres, les plages de la Côte d’Azur, les bars de Berlin. Il observe, savoure, respecte. Il admire, mais ne s’abandonne pas. En lui, ses racines tiennent bon. Ni les gratte-ciels ni les galeries n’effacent la mémoire de ses ancêtres, ni les luttes silencieuses de ses grands-parents.

Quand on critique l’Est — trop froid, trop fermé, trop vieux — il garde le silence. Non par faiblesse, mais par patience. Il attend le bon moment. Et ce moment vient : juste avant le diplôme, il prend la parole. Il dit que l’Est aussi a rêvé, construit, aimé. Qu’il a souffert, certes, mais aussi inventé, offert au monde des œuvres, des idées, des hommes debout. Et qu’il continue encore, malgré tout.

Diplômé, il rentre. Pas par nostalgie, mais par dignité. Il refuse de laisser sa terre se vider de ses forces vives. Il revient, non comme un vaincu, mais comme un homme libre, porteur d’un devoir de mémoire et d’un espoir à bâtir.

À l’autre bout du monde, un petit nègre, élevé trente ans dans la misère, obtient un visa d’étudiant. Il monte pour la première fois dans un avion, découvre les autoroutes, les trains à grande vitesse, les vitrines étincelantes. Tout l’éblouit : l’ordre, l’abondance, la beauté propre de l’Occident. Il croit enfin toucher au rêve.

Mais bientôt, la violence symbolique le rattrape. On insulte ses ancêtres, on traite Dessalines — son héros, le libérateur de son peuple — de barbare. Et lui, il ne répond pas. Il baisse les yeux. Il sourit même, mal à l’aise. Le doute s’installe.

Les années passent, et l’admiration tourne au rejet. Il devient plus dur envers Dessalines que ceux qui l’ont calomnié. Il cite Napoléon avec ferveur, critique ses propres héros avec amertume. Il parle de liberté, mais ignore ceux qui l’ont conquise. À son retour en Haïti, il veut être moderne, éclairé, rationnel — mais il ne voit dans son peuple que des erreurs à corriger, jamais une force à aimer.

Dessalines, pour lui, devient un « petit con ». Le colon est parti, mais l’aliénation est restée. En silence, elle a grandi en lui, jusqu’à effacer toute fierté.

Jameson LEOPOLD

mercredi 4 juin 2025

Les influenceurs et les lanceurs d’alerte sont l’espoir d’Haïti

À quoi sert une élite médiatique qui ne parle jamais au nom du peuple ? En Haïti, cette question n’est plus rhétorique. Depuis des années, ceux qui contrôlent micros, caméras et colonnes d’opinion semblent parler d’en haut, pour défendre les puissants. Loin d’être une vigie, l’élite médiatique traditionnelle s’est transformée en complice silencieuse de la machine de domination. Peut-on encore lui accorder le moindre crédit ?

Avec l’arrivée des réseaux sociaux, une fracture historique s’est opérée : deux élites médiatiques cohabitent aujourd’hui, avec des logiques et des légitimités radicalement opposées.

D’un côté, l’élite médiatique traditionnelle : journalistes diplômés, éditorialistes en cravate, patrons de presse bien introduits, formés dans les bonnes écoles et adoubés par les cercles du pouvoir. Ils connaissent parfaitement les codes médiatiques, maîtrisent la rhétorique, et jouissent d’une légitimité construite dans la durée. Mais à quel prix ? Leur influence repose souvent sur des relations étroites avec les sphères politiques, économiques et culturelles — celles-là mêmes qu’ils devraient critiquer. Leur silence complice, leur neutralité feinte, leur prudence calculée : tout cela ne sert qu’à protéger un ordre établi. Un ordre qui opprime.

De l’autre côté, surgie des décombres de l’indignation, l’élite médiatique de circonstance : lanceurs d’alerte, influenceurs, citoyens indignés. Ils n’ont ni titres ni diplômes prestigieux. Leur studio, c’est leur téléphone. Leur média, c’est leur page Facebook, Youtube, Instagram, Tiktok. Mais leur parole frappe juste, car elle vient du vécu, de la rue, du ventre vide et de la colère collective. Leur seule légitimité, c’est celle que leur donne le peuple, lassé d’être trahi par ceux qui prétendent parler en son nom.

Ils n’ont pas de sponsors, pas de contrats publicitaires avec des multinationales, pas de rendez-vous dans les ambassades. Ils vivent des “likes”, des “shares” et de la vérité. Et c’est précisément parce qu’ils ne sont liés à aucun pouvoir qu’ils peuvent dire l’essentiel : ce que les autres taisent, camouflent ou édulcorent.

Alors posons la vraie question : à qui confier la voix du pays ? À ceux qui vivent de leur proximité avec les élites et qui prennent soin de ne jamais les déranger ? Ou à ceux qui, bien que précaires, n’ont rien à perdre et tout à dire ?

En vérité, Haïti ne sortira pas du chaos par les analyses tièdes des chroniqueurs de plateau. Le changement émergera des voix brutes, passionnées, imparfaites parfois, mais sincères et engagées. C’est cette parole, populaire et sans filtre, qui peut renverser l’inertie, réveiller les consciences, et porter les revendications oubliées.

L’heure n’est plus aux demi-mesures. Il faut choisir son camp. Et le peuple, lui, a déjà commencé à choisir le sien.

Jameson LEOPOLD

Eliminer les gangs sans résoudre les problèmes sociaux, c'est du « lave men siye atè »

Pour s’attaquer efficacement à l’insécurité en Haïti, il faut d’abord en identifier les causes profondes et structurelles. L’une d’elles dem...